L'ex-agente de la CIA Valerie Plame livre un clip de campagne choc pour sa candidature

Publié le Mercredi 11 Septembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Le spectaculaire clip de campagne de la candidate démocrate Valerie Plame.
Le spectaculaire clip de campagne de la candidate démocrate Valerie Plame.
C'est ce que l'on appelle "drop the mic" : lâcher le micro. Avec son clip de campagne, la candidate américaine Valerie Plame livre un spot aux airs de "James Bond".
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Son nom est Plame, Valerie Plame. Dans cette vidéo de 70 secondes intitulée "Undercover" ("Sous couverture"), notre héroïne fonce dans le désert américain en récapitulant les grands événements de sa vie - et de son CV - à grands coups de riffs de guitare et d'effets de montage tonitruants dignes d'un Mission : Impossible. Sa punchline ? "We need to turn our country around" : notre pays doit faire demi-tour. Malgré les apparences, notre protagoniste n'est pas à l'affiche d'un futur blockbuster, non. Elle se présente au Congrès.

Pour comprendre pourquoi le clip de campagne de cette candidate démocrate du Nouveau Mexique ressemble à une scène de Fast & Furious, il suffit de l'écouter : Valerie Plame est une ancienne agente infiltrée de la CIA. Ni plus ni moins. Chargée "d'empêcher les états terroristes d'acquérir des armes nucléaires", dit-elle alors que défilent sous nos yeux les cartons "Iran, Irak, Syrie, Pakistan", son identité a été dévoilée dans un article du Washington Post en 2003. Cette révélation a mis fin à sa carrière.

Elle, accuse l'administration Bush Jr. d'avoir divulgué son identité. Et ainsi de s'être "vengée" de son époux, le diplomate Joseph C. Wilson IV. Dans un éditorial du New York Times, cet ancien ambassadeur des États-Unis avait accusé le gouvernement de mentir sur la menace représentée par l'Irak. Lors de ses activités d'agente, Valerie Plame s'était d'ailleurs elle aussi penchée sur les fameuses "armes de destruction massive"... Une "trahison" d'Etat qu'elle relate dans ses mémoires, Fair Game: My Life as a Spy, My Betrayal by the White House. Et qui prend ici la forme d'un coup de com' efficace : la vidéo de campagne a été consultée près d'un million de fois sur YouTube.

Un buzz insolite

Il faut dire que l'ex-agente de la CIA n'a pas ménagé ses effets. Avec ce spot l'érigeant en politicienne totalement "badass", elle fait d'une pierre deux coups. Tout d'abord, elle se plaît à romancer son étonnante carrière sous couvert d'artifices hollywoodiens, l'idéal pour ravir les fans de films d'espionnage. Au sein de cet imaginaire "musclé", la démocrate en profite d'ailleurs pour rappeler le métier de son père et de son frère : militaires. Puis, une fois l'attention captée, met l'accent sur les points majeurs de son programme. A savoir, la sécurité nationale, la santé publique et les droits des femmes. Autant de thématiques vers lesquelles la candidate au Congrès de 55 ans fonce, au volant de sa rutilante Chevrolet Camaro.

Cette drôle de vidéo a des airs de règlements de compte envers l'équipe de l'ancien vice-président Dick Cheney notamment. Comme l'indique Business Insider, un certain nombre de rapports indiquent que c'est l'ancien secrétaire d'État Richard Armitage qui serait à l'origine de la "fuite" de l'identité de l'ex-agente. Mais par-delà ce côté très factuel, la dimension ouvertement "fuck yeah" du spot ne manque pas de piquant.

Les internautes, eux, en sont sous le charme. "Bon sang, CA c'est un clip de campagne !", "peut-être la meilleure publicité de tous les temps", "C'est une vidéo de campagne ou la bande annonce d'un film ?!", "Je suis vraiment excité de voir qu'ils "rebootent" la saga Valerie Plame"... Les commentaires enjoués affluent depuis deux jours.

A noter que ce n'est pas la première fois que la "Plame touch" est synonyme de grand spectacle à l'américaine : en 2010, Sean Penn et Naomi Watts se côtoyaient dans Fair Game, un film de Doug Liman (La mémoire dans la peau) directement inspiré de sa scandaleuse "affaire"...