Les États-Unis parmi les dix pays les plus dangereux pour les femmes

Publié le Jeudi 28 Juin 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
L'Inde est le pays du monde le moins sûr pour les femmes
L'Inde est le pays du monde le moins sûr pour les femmes
La fondation Thomson Reuters a établi un classement des pays les moins sûrs au monde pour les femmes en 2018. L'Inde arrive première, les Etats-Unis dixième.
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L'Inde est le pays le plus dangereux pour les femmes dans le monde. La fondation Thomson Reuters a réalisé un sondage auprès de 550 experts des problématiques liées aux femmes dans les 193 pays que compte L'Organisation des Nations unies. A partir de leurs réponses, elle a établi un classement des endroits du monde où les femmes sont les plus menacées. L'Afghanistan arrive deuxième, suivi de la Syrie, de la Somalie, de l'Arabie Saoudite, du Pakistan, de la République démocratique du Congo, du Yémen, du Nigeria.

La situation empire en Inde alors qu'elle n'obtenait qu'une peu glorieuse quatrième place il y a encore sept ans dans le même classement. En cause : "Le risque de violences sexuelles et de harcèlement contre les femmes, les dangers auxquelles font face les femmes de part les pratiques culturelles, tribales et traditionnelles, et c'est le pays où les femmes sont le plus en danger de trafic humain notamment le travail forcé, l'esclavage sexuel et la servitude domestique." La fondation met en cause la construction sociale indienne qui fait des femmes des objets sexuels et des citoyennes de seconde zone.

Le rapport pointe l'inaction du Premier ministre indien Narendra Modi alors que l'Inde vit une "épidémie" de viols collectifs. Selon CNN, 100 cas d'agressions sexuelles sont déclarées chaque jour à la police dans ce pays de 1,3 milliard d'habitants.

L'Afghanistan reste encore, 17 ans après que les talibans aient perdu les commandes du pays, l'un des pays les plus dangereux pour les femmes. L'intégrisme et les traditions sexistes restent encore présentes. Le pays est le pire du classement concernant les critères comme la violence dû aux conflits, la violence domestique, l'accès à la santé et aux ressources économiques ainsi que la discrimination dans le domaine de l'emploi et des terres. Le rapport note : "Les Nations Unies ont accusé l'État afghan de laisser la brutalité sexuelle généralisée impunie en ne poursuivant pas les violences criminelles contre les femmes qui sont souvent confinées à la maison et considérées comme subordonnées aux hommes."

Les États-Unis dixième pays le plus dangereux pour les femmes

Mais la donnée la plus étonnante de ce classement reste la position des États-Unis. En effet, la première puissance mondiale se classe 10e et est le seul pays occidental de ce triste classement. Les droits des femmes y sont en recul et en danger avec l'élection de Donald Trump. Il a par exemple coupé les financements aux cliniques pratiquant l'avortement. La Thomson Reuters Foundation souligne avoir mené son sondage après le début du mouvement #MeToo. C'est l'une des raisons pour lesquelles les USA sont aussi mal classés alors que de très nombreuses Américaines ont usé de leur parole pour raconter ce qu'elles avaient longtemps tu.

Comme l'explique le rapport : "Les États-Unis ont grimpé dans le classement après avoir fait match nul avec la Syrie lorsqu'on leur a demandé quel était le pays le plus dangereux pour les femmes en termes de violence sexuelle, y compris le viol, le harcèlement sexuel, la coercition sexuelle et le manque d'accès à la justice dans les affaires de viol." Selon des statistiques datant de 2010 et rapportées par la fondation, une femme sur cinq aux Etats-Unis aurait été violée.

La Thomson Reuters Foundation note cependant que le nombre de féminicides est beaucoup plus important en Amérique Latine et 49 pays n'ont aucune loi pour protéger les femmes des violences domestiques.


L'Arabie saoudite, cancre malgré ses écrans de fumée


Même si elle vient de donner le droit de conduire aux femmes, l'Arabie saoudite reste un pays très peu sûr pour elles. En cause en premier lieu : le système de "gardiennage" dont elles sont les victimes. Le moindre de leur mouvement nécessite l'autorisation de leur tuteur légal. Éternelles mineures, elles n'ont toujours pas le droit d'ouvrir un compte en banque par exemple, ni d'obtenir un passeport sans leur tuteur, des droits de base qui leur sont refusés. D'un côté, le pouvoir saoudien distribue quelques permis de conduire, de l'autre, il emprisonne les militantes pour les droits des femmes.

Enfin, le rapport pointe trois pays en terme de trafic humain. Les pays les plus dangereux pour les femmes dans ce domaine sont l'Inde, la Libye et la Birmanie. Le Nigeria et la Russie viennent à la quatrième place, ce dernier à cause du trafic de femmes qui gravite autour de la Coupe du Monde de football. Les femmes représenteraient sept personnes sur dix dans le trafic d'êtres humains.