Limiter l'entrée des femmes enceintes aux Etats-Unis : la nouvelle idée malaisante de Trump

Publié le Vendredi 24 Janvier 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Donald Trump au Forum économique mondial de Davos le 21 janvier 2020
Donald Trump au Forum économique mondial de Davos le 21 janvier 2020
Dans cette photo : Donald Trump
En 2020, Donald Trump ne compte pas nous laisser une seule minute de répit. La nouvelle mesure de son administration est effectivement fidèle à son programme, tant en terme de politique migratoire que de considération pour les femmes.
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C'est une idée bien malaisante mais qui, au fond, ne surprend pas tant que cela venant de Donald Trump. Le 45e président des Etats-Unis souhaite restreindre les conditions d'obtention de visa de visite temporaire pour les demandeurs étrangers. Mais pas n'importe comment : en refusant notamment ce visa aux femmes enceintes. Une manière d'étouffer ce phénomène que l'on appelle le "tourisme de naissance", désignant le fait d'accoucher aux Etats-Unis afin que son enfant obtienne la citoyenneté américaine. Un "droit du sol" qui n'a absolument rien d'illégal mais qui est très loin de ravir le président.

Et pourtant, il est matriciel, puisque cette obtention naturelle de citoyenneté est dictée par la Constitution américaine - et plus précisément par le quatorzième amendement, comme nous le rappelle le Guardian. Cette exigence de l'administration Trump est d'ailleurs d'autant plus absurde que, jusqu'ici, le fait de se rendre aux États-Unis afin d'y accoucher était "fondamentalement légal", assure encore le journal britannique.

Une nouvelle forme de discrimination

La politique anti-migratoire de Donald Trump.
La politique anti-migratoire de Donald Trump.
Dans cette photo : Donald Trump

Oui, mais à compter de ce 24 janvier 2020, ce n'est plus le cas : le département d'Etat ne délivrera plus de visas aux étrangères dont la situation correspond à ce fameux tourisme de naissance, aussi appelé "tourisme de maternité". L'air de rien, cette "actualisation" des procédures entourant l'obtention du visa en dit long sur la vision de Donald Trump - celle, étroite, d'une Amérique fermée, cloisonnée. Si le président américain souhaite rendre cette obtention plus difficile, le "tourisme de naissance" correspondait pourtant jusqu'ici à un suivi administratif très clair : les demandeuses en question n'hésitaient pas à exprimer clairement leurs intentions sans détour aux autorités, documents médicaux à l'appui. Mais désormais, indique le New York Times, il suffira que les agents consulaires aient "une raison de croire" en de telles intentions pour que ce visa leur soit refusé.

Du côté de l'administration Trump, le message est clair. Un communiqué officiel de la Maison Blanche dépeint ce tourisme de maternité comme une problématique majeure "en matière d'immigration". Voire carrément, une source "de risques pour la sécurité nationale". Tel que le développe en ce sens le texte, il s'agit là de protéger "l'intégrité de la citoyenneté américaine" et de lutter contre un phénomène croissant qui "menace de surcharger les précieuses ressources hospitalières" de la nation. De quoi attiser encore un peu plus la haine et le rejet des étrangers, à grands coups de politique excluante et d'éléments de langage alarmistes.

Outre-atlantique, nombreux sont les médias (comme le USA Today) à voir là "une discrimination contre les femmes". Et par-delà les commentaires des journalistes, des voix politisées n'hésitent pas à exprimer leur réticence. Ainsi, précise le magazine The Hill, le sénateur républicain Chuck Grassley n'est pas certain qu'un décret suffise à rendre effective cette modification majeure : "Il me semble qu'il faudrait un amendement constitutionnel pour changer cela", a-t-il déclaré.

Constitution ou pas, cette remise en cause du droit du sol exclusif nous renvoie au cheval de bataille de Donald Trump : sa politique anti-migratoire. Ou plutôt, comme l'appelle Laura Bush, la femme de l'e- président George W. Bush, "une politique de la tolérance zéro".