Films pornos à Los Angeles : avec la capote, sinon rien !
L’information peut paraître anecdotique, mais elle est tout sauf secondaire. En votant une ordonnance imposant le port obligatoire de préservatifs sur les tournages de films pornographiques, Los Angeles devient la première ville à légiférer sur ce problème de santé publique. Jusque-là, la loi californienne se contentait d’exiger une « protection » contre les maladies sexuellement transmissibles (MST), sans que cela soit suivi d’effets systématiques sur les plateaux de l’industrie X, concentrés dans la vallée de San Fernando. Le texte a été voté par onze voix contre une, et doit faire l’objet d’un second vote à la majorité – qui semble acquis – pour être définitivement adopté. Les autorités prennent les devants après que l'association AIDS Healthcare Foundation (AHF) a annoncé en fin d'année dernière avoir réuni les signatures nécessaires pour soumettre à référendum, en juin prochain, un texte au contenu similaire.
L’ordonnance vise naturellement à protéger les acteurs ainsi qu’à étouffer la promotion du sexe non protégé induite par les pratiques en vigueur dans l’industrie du X. En 2004, 2010 et 2011, les tournages avaient été suspendus pendant plusieurs semaines après la découverte de leur séropositivité. Des voix discordantes s’élèvent, cependant, pour avancer, par exemple, qu’une telle mesure va entraîner la multiplication des tournages pornographiques clandestins. À quoi Michael Weinstein, président de l’AHF, répond sans détours : « On ne va pas arrêter de réguler les restaurants parce que quelqu'un a une carriole illégale de hot-dogs ». En d’autres termes, ce n’est pas la régulation qui entraîne la clandestinité mais bien la clandestinité qui appelle régulation.
Du côté des acteurs du X, la mesure ne fait pas l’unanimité. Nina Hartley, infirmière et ancienne actrice porno, estime que l’obligation du préservatif exposera les acteurs à davantage de risques de contamination, et qualifie le texte de « désastre pour la santé et la sécurité ». Elle explique que le port du préservatif pendant des scènes qui durent entre 30 et 60 minutes provoque des frictions et des plaies ouvertes, donc augmente les risques de transmission des MST. Il n’empêche que la seule façon de se prémunir efficacement contre les MST reste la capote !
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : Stockbyte
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