Education genrée : la rose et le bleu

Publié le Mercredi 19 Juin 2013
Education genrée : la rose et le bleu
Education genrée : la rose et le bleu
Le rose a-t-il toujours été la couleur des filles ? C’est l’une des questions posées par le dernier numéro du magazine Doolittle, lequel met également en avant un projet bien particulier mené par une artiste Coréenne partie visiter, shooter et exposer les chambres de nos chères têtes blondes. Voyage au pays du rose et du bleu.
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Au Moyen-Age, le rose, considéré comme une variante du rouge, était symbole de la puissance, et donc du sexe dit fort. Au début du siècle, il était donc conseillé aux mamans de parer leurs rejetons de cette virile nuance, le bleu étant réservé à leurs sœurs. Seconde guerre mondiale et soucis d’égalité oblige, le XXème siècle autorise les frangines à porter la même couleur que leurs homologues masculins. La société de consommation fera ensuite le reste, décidant arbitrairement que le bleu irait aux hommes, le rose aux filles (et aux gars du stade Français).

JeongMee Yoon, une artiste coréenne, a depuis lors fait le constat de ce diktat consumériste imposé à nos enfants (et à leurs parents, lesquels achètent jouets, meubles, vêtements et autres gadgets plus ou moins onéreux). Sa fille de 5 ans refusant que tout objet non rose investisse sa chambrée, la photographe décide alors de la prendre en photo fondue et épanouie dans ce monochrome angoissant. Ainsi est né « Le projet rose », il y a 8 ans.

La maman-photographe de 38 ans a alors posté des annonces dans son immeuble afin de pouvoir shooter d’autres fillettes perdues dans leur univers bonbon. Puis, elle a ensuite élargi son réseau au métro, à la rue et enfin à d’autres villes ou pays que le sien… son panel ayant ainsi été recruté parmi toutes les franges de la population. Logiquement, « Le Projet Rose » a ensuite été suivi du « Projet Bleu », mettant en scène les petits garçons.

SeoWoo, 2006

Le résultat ? De superbes photos qui en disent souvent plus long sur notre époque que bien des discours. L’influence des adultes et de la société sur le genre y sont évidemment criantes, tout comme l’hégémonie de beaucoup des jouets que nos bambins, robots de la mondialisation, adulent de New York à Tokyo. Hello Kittie, Superman, Dora, les Pokemon, Barbie et les Princesses Disney envahissent les caisses à jouets de tous pays bien avant que, jeune adultes, nos enfants ne cèdent aux autres normalisations bien plus critiquées de la société de consommation actuelle.

Jake, 2006.

Alexandra, 2006

Ethan, 2006

Projet rose, projet bleu, force est de constater que, malgré les quelques projets anti-tyrannie rose/bleu, l’identité de genre imposée au berceau par les marques, la publicité, le système éducatif et, bien sûr, les parents, a encore de beaux jours devant elle, quelle que soit la culture, l’ethnie, le niveau social ou les avancées en matière d’égalité homme-femmes des différentes sociétés qui peuplent notre planète.

Copyright et droits photos @JeongMee Youn. tous droits réservés

Pour voir l'intégralité des photographies des projets rose et bleu, rendez-vous sur le site de JeongMee Youn.