Sexualité et couple : comment désirer ce que l’on a déjà ?

Publié le Lundi 25 Août 2014
Sexualité et couple : comment désirer ce que l’on a déjà ?
Sexualité et couple : comment désirer ce que l’on a déjà ?
« Et la tendresse ?… Bordel ! » clamait la comédie à succès à la fin des années 1970. Quarante plus tard, la situation est inverse. Trop d’affection dans les couples et résolument pas assez de sexe. Une situation qui ne peut plus durer, non ?
À lire aussi


La thérapeute américaine Esther Perel publiait, il y a quelques années, « Mating in Captivity: Reconciling the Erotic and the Domestic », traduit en français par « L‘intelligence érotique, faire vivre le désir dans le couple », maquillant ainsi le point essentiel du livre : la difficile réconciliation entre la vie domestique et la vie érotique. Car si la pilule et un ensemble de moyens contraceptifs ont libéré les femmes, les couples sont de plus en plus occupés, stressés, fatigués et font de moins en moins l’amour. Plus grave encore pour l’auteur, les élans d’affection, de tendresse que l’on porte aux être aimés n’alimentent pas particulièrement la libido, voire même donnent l’effet inverse : elle l’étouffe.

A lire aussi >> Sexualité : ces jeux à mettre en pratique à la plage <<

Trop de tendresse tue le sexe

Esther Perel pose dans son livre quelques questions essentielles : peut-on désirer ce que l’on a déjà ? Pourquoi ce qui est interdit, transgressif, est-il la quintessence de l’érotisme ? Pourquoi les rapports sexuels donnent-ils naissance à des bébés, alors que les bébés ont des effets désastreux sur les rapports sexuels ? Cette thérapeute qui voyage sans cesse à travers le monde, parle neuf langues et cherche à comprendre les différentes cultures, note que partout où le romantisme s’est immiscé, la relation amoureuse est devenue complexe, voire difficile. Selon elle, à la base du désir dans une relation engagée, se trouve la réconciliation de deux besoins humains fondamentaux « D’un côté, notre besoin de sécurité, de prévisibilité, de sécurité, de fiabilité (…). De l’autre un besoin également fort - pour les hommes comme pour les femmes - d'aventure, de nouveauté, de mystère, de risque, de danger*. »

A lire aussi >> Sexualité : la timidité d'un homme est-elle synonyme de mauvais coup ? <<

La crise du désir, souvent une crise de l’imagination

Le couple moderne est très exigeant, bien plus que jadis. « On demande aujourd’hui à une seule personne de donner ce qu’un village entier donnait autrefois (…). Mais la crise du désir est souvent une crise de l’imagination ».
Elle a étudié les comportements des couples dans une vingtaine de pays et a noté presque partout une constante. Les gens sont particulièrement attirés par leurs partenaires :

- Lorsqu’ils sont éloignés d’eux et sont obligés de faire appel à leur imagination.

- Lorsque l’être aimé fait quelque chose qu’il aime passionnément faire.

- Lorsque le partenaire est désiré/admiré par d’autres.

- Lorsque quelque chose est nouveau ou inattendu.

A lire aussi >> La puissance de nos orgasmes est-elle affaire d’orientation sexuelle ? <<

Bref, tout ce qui fait qu’une personne rayonne, a confiance en elle et n’est pas en carence. A l’inverse, une personne dépendante, en forte demande affective, cherchant chez l’autre une béquille, n’est pas attirante.
Sexuellement, ce qui nous différencie des animaux, c’est notre capacité à imaginer. Nos fantasmes suffisent à nous faire jouir. A l’inverse, lorsqu’on cesse d’anticiper un rapport, de rêver à des nouveaux horizons à explorer, lorsqu’on attend tout de l’autre, la vie sexuelle se dégrade ou meurt. L’anxiété générée par la vie matérielle ou la perte de confiance en soi sont également des facteurs qui, asséchant l’imagination, tuent le désir.

Son conseil pour garder vif le désir ? Rêver, sans nécessairement partager avec son partenaire, et fantasmer sans cesse entre deux orgasmes quelle que soit la distance qui les sépare, préméditer le prochain coup (si je puis dire) sans oublier que le désir est comme une vague : il fluctue. Mais le propre de la vague est de toujours revenir …

*Ted Talk, 2013.