#JeSuisGrosseDonc, un hashtag pour illustrer la grossophobie ordinaire

Publié le Mardi 20 Juillet 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
#JeSuisGrosseDonc, un hashtag pour illustrer la grossophobie ordinaire
#JeSuisGrosseDonc, un hashtag pour illustrer la grossophobie ordinaire
Sur Twitter depuis ce week-end, #JeSuisGrosDonc et #JeSuisGrosseDonc rassemblent les récits de celles et ceux qui subissent au quotidien réflexions et attaques discriminantes. Témoignages d'une grossophobie ordinaire et destructrice.
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Alerter sur ce qu'ils et elles subissent au jour le jour, c'est le but des hashtags #JeSuisGrosDonc et#JeSuisGrosseDonc (qui vise à souligner l'"intersection entre le genre et la grossophobie", précise l'instigatrice de la déclinaison), apparus sur Twitter ce dimanche 18 juillet et rapidement devenu viraux.

Dessous, nombreux·se·s internautes racontent les préjugés dont ils et elles sont constamment victimes. Et ce, jusque dans les consultations médicales. Des idées reçues qui ont vite fait de se transformer en menace pour leur santé, voire leur sécurité.

"Jugée pour la simple raison que j'existe"

"#JeSuisGrosseDonc n'importe quelle perte de poids, même si elle est trop rapide ou la méthode trop dangereuse, sera applaudie par les médecins. Même si cette perte de poids nuit a ma santé globale ou provoque des problèmes de santé", écrit une jeune femme. Une autre fustige : "Je suis jugée avec condescendance, grossophobie et validisme pour la simple raison que j'existe. Tout le monde s'autoproclame expert de ma santé ou en diététique et commente mon apparence, mes courses, mon assiette".

Une troisième lance : "Quand je parle de ma boulimie, personne ne me croit. Je ne peux pas m'habiller comme je l'entends car 'attention ça te grossit' alors on ne me propose que des vêtements amples. Je ne peux pas sortir avec un mec mince car 'attention je vais le casser'".

Un fléau qui se poursuit jusque dans la libération de la parole : "Quand je dénonce le harcèlement de rue, les violences sexuelles et potentiels viols (elle mentionne une "amnésie traumatique", ndlr) que j'ai pu subir ou que je subis quotidiennement on me répond que je mens car je suis trop moche à cause de mon poids pour qu'on ait voulu de moi". Et puis, l'intime. "Je ne suis jamais tranquille à l'idée d'être intime avec quelqu'un et j'ai l'impression qu'on veut de moi par pitié", confie notamment une twittos.

"Promotion de l'obésité"

Ces témoignages nécessaires ne sont malheureusement qu'un échantillon de la réalité à laquelle sont confrontées les personnes qui la décrivent. Et lorsqu'elles s'expriment librement, ou affichent leur corps fièrement sur les réseaux sociaux (comme sous #PlusDe70kgEtSereine, notamment), les critiques abondent, certaines allant jusqu'à qualifier leur présence de prétendue "promotion de l'obésité".

Seulement, ce que les concerné·e·s dénoncent, ce sont purement et simplement les discriminations vécues à cause de leur poids. Au sein de toutes les strates de la société : de leur propre entourage à leur travail, en passant par l'hôpital et les cabinets de soin. Les conséquences dévastatrices d'une norme enracinée.

Plus largement, iels réclament une véritable visibilité, la fin d'amalgames ravageurs et une inclusivité qui ne se limite pas aux campagnes marketing. Finalement, le droit d'exister librement dans l'espace public. Le chemin reste malheureusement long, mais grâce à ces récits et ces confidences percutants, il ne peut que se profiler dans la bonne direction.