Société
Corrente Rosa : un réseau féminin à l'assaut du sexisme italien
Publié le 23 octobre 2009 à 00:00
Par Candice Satara-Bartko
Corrente Rosa est une association de femmes actives. Celles-ci militent pour les droits des femmes en Italie, constituant quasiment un lobby auprès des autorités publiques et des médias. Si leurs projets visent une amélioration sociale de la condition féminine, les retombées de ces mesures bénéficient à tous.
Corrente Rosa : un réseau féminin à l'assaut du sexisme italien Corrente Rosa : un réseau féminin à l'assaut du sexisme italien© Corrente Rosa
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Comment est née l'association?

En Avril 2006 à Rome lors de la campagne pour les élections législatives, Nina Gardner, italo-américaine responsable d'une société de communications, engagée pour les causes des femmes et du parti démocrate américain, me contacte pour participer à des diner de "fund-raising" pour des candidates aux élections. La proposition était surprenante, le fund-raising n'existe pas en Italie, du moins pas de manière directe. En général on adhère à un parti qui finance des candidats.

J'ai décidé de jouer le jeu, je n'étais pas la seule. Brusquement j'ai rencontré de nombreuses femmes qui comme moi voulaient à tout prix soutenir la gauche aux élections pour retrouver une dignité, une image, un vocabulaire et des projets après 5 ans de gourvenement de Berlusconi. Toutes nos candidates ont étés élues, deux sont devenues ministres dans le gouvernment de Prodi. Nous étions très enthousiastes et nous pensions que nous serions enfin parvenues à faire aboutir nos projets: flexibilité du temps de travail, extension des crèches municipales et dans les entreprises, reconnaissance de la valeur du travail féminin.

Quel a été le déclic ?


Je m'étais habituée à nos réunions hedbomadaires, à la préparation des colloques, aux discussions animées. Nous ne pouvions pas laisser passer cette chance, toute cette énergie, pourquoi ne pas lancer une association? Déjà des journaux parlaient de nous, nous sentions l'effervescence des grands changements arriver et si nous voulions discuter avec nos parlementaires fraichement élues comment le faire si ce n'est par le truchement d'une association?

Fin 2006, nous avons constitué l'association Corrente Rosa, nous étions 7. Aujourd'hui nous avons 300 inscrites et 500 sympathisantes. Nous sommes toutes des femmes actives. Cadres et cadres de direction dans les grandes entreprises, dans l'administration, les professions libérales...

Comment fonctionne-t-elle ?

Le Comité de Direction oriente les travaux de l'année, l'Assemblée Générale à laquelle sont conviées toutes les inscrites approuve le bilan et peut élire les membres du Comité de Direction. Nous avons aussi des collboratrices qui s'engagent dans des projets qui leurs tiennent à coeur, ou plus récemment des jeunes qui veulent faire des stages dans une ONG (Organisation Non-Gouvernementale).

Il faut avoir un PC, une adresse Email et lancer des idées. Si un nombre suffisant adhère, le projet démarre avec celles qui ont envie d'y travailler.

La règle d'or c'est la qualité du travail, la recherche d'informations correctes et formuler des propositions concrètes. Dans nos actions nous aimons démontrer l'efficacité des femmes et leur pragmastime.

Quels sont les domaines d'action?


Nous intervenons surtout sur les sujets d'actualité qui ont des repercussions sur la vie des femmes:

  • L'école et les réformes qui ont été proposées par le gouvernement;
  • La reconnaissance du travail féminin et sa diversité, l'importance des horaires flexibles pour faciliter et alléger les charges domestiques et le temps pour les enfants; la reconnaissance des femmes comme créatrices d'emploi lorsqu'elle constitutent des entreprises;
  • Le testament biologique: le droit au respect des dernières volontés d'un etre humain concernant les soins ultimes;
  • L'économie: comment les femmes contribuent au développement économique en tant qu'agent économique, consommatrice ou décideur.
  • L'age de la pension: un débat important en Italie car les femmes travaillant dans le secteur public ont le droit de choisir de prendre leur retraite dès 60 ans ou 65 ans . La pénurie des services publics pousse les femmes à prendre leur retraite le plus tôt possible pour soutenir leur famille et notament servir de baby-sitter à leurs petits-enfants pour permettre à leurs filles de continuer à travailler. Un cercle vicieux où les grands-mères sacrifient travail et retraite pour subvenir aux carences d'un système inefficace.
  • Soutenir des candidates (de toute affiliation politique) qui ont un programme favorable aux femmes.
Quels sont vos leviers d'action?

Nous intervenons auprès des représentants du gouvernement, de l'opposition, des partis politiques des Régions ou l'administration.

Les contacts se font soit en direct soit par l'intermédiaire des médias.

Des femmes journalistes de la presse écrite ou de l'audiovisuel nous ont rejoints et nous interrogent lorsqu'il y a un sujet qui nous passionne.

Nous représentons un des maillons de la société civile et nous sommes souvent appelées à intervenir sur des sujets d'actualité qui concernent les femmes.

Quels sont les enjeux ?

Les enjeux sont importants.

En Italie seulement:

- 46.3 % des femmes ont une occupation rétribuée.

- 10 % des enfants trouvent une crèche (en France 35%)

- 6.7 % des membres de conseils d'administration sont des femmes.

Les femmes en Italie bien que souvent diplomées et/ou avec une licence d'étude supérieure, ont des difficultés à trouver du travail. Lorsqu'elles y parviennent, le jeu des discriminations et des copinages masculins bloquent leur carrière. Si elles ont un enfant (le taux de naissance est de 1.3 enfants par femme un des plus bas au monde) elles risquent de perdre leur place ou leur avenir est définitvement bouché. La femme italienne continue de s'occuper de la plus grande partie du ménage et des enfants rendant toute forme de progression impossible dans un système difficilement flexible. Si vous ajoutez que les services pour l'enfance sont pratiquement inexistants et les discriminations salariales importantes le tableau est très noir.

Où peut-on joindre votre association ?


Pour plus de renseignements, vous pouvez visiter le site de l'association Corrente Rosa ou envoyer un mail en cliquant ICI.

Mots clés
Société Solidarité feminisme italie droits des femmes
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