





"J’ai été violé de 11 à 16 ans." C’est par cette révélation que Sébastien Boueilh débute toutes ses interventions en milieu scolaire et associatif, depuis cinq ans. Invité de RTL Matin ce jeudi 24 avril afin de débattre sur la mise en place prochaine d'un questionnaire pour lutter contres les violences à l’école, l'ancien rugbyman a témoigné des violences sexuelles dont il a lui-même été victime.
"Moi, je rentrais du rugby : 5 minutes avant de me ramener, il me violait. 5 minutes après, il buvait le café avec mes parents", raconte Sébastien Boueilh. "Mes parents ont vu ces changements de comportement que j'ai eus, brutaux. Que ce soit la violence, l'alcool, le sexe, tout dans l'excès. Ils mettaient ça sur l'âge bête, on va dire, sur la préadolescence et l'adolescence, le changement hormonal". Sébastien Boueilh a été la victime d’un agresseur, mari d’une cousine et bénévole dans la fanfare et le club de rugby du village des Landes où il vivait. Le chemin de la libération de la parole a été long. Dix-huit ans de déviances et de silence.
À 31 ans, le rugbyman porte plainte, le déclic s’opère grâce à un ami enfance, victime du même pédocriminel. Son violeur est condamné en 2013 à dix ans de prison. Il fonde alors l’association "Colosse aux pieds d’argile", qui lutte contre le risque de violences sexuelles faites aux enfants en milieu sportif. "Le nom est à l’image du rugbyman et de la victime fragile que j’étais", confie-t-il dans une interview donnée à Paris Match en décembre 2023.
Après le scandale de violences physiques et sexuelles à Bétharram, la ministre de l'Éducation Élisabeth Borne a annoncé le déploiement de questionnaires à destination des élèves internes et de ceux ayant participé à des voyages scolaires. Cette mesure doit être mise en place à la rentrée prochaine dans les établissements scolaires mais elle sera testée dès juin prochain.
Pour Sébastien Boueilh, "le questionnaire que propose Mme Borne est assez brutal". Si l'ancien rugbyman salue ce "nouveau canal de signalement", il regrette que le problème soit pris "à l'envers". "Sûrement que les mots qui sont dans ce questionnaire ou même les questions qui vont être posées, certaines seront fermées. On va orienter aussi la réponse de l'enfant. Donc ça peut tronquer le témoignage et je pense que ça peut mettre sous silence des victimes qui auraient vécu des choses sans pouvoir dénoncer", estime-t-il. "Il y a d'autres mesures à faire avant, notamment la formation et la prévention".