Quand Alain Finkielkraut se vautre dans le sexisme primaire sur le sport féminin

Publié le Jeudi 06 Juin 2019
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Les propos d'Alain Finkielkraut sur le sport féminin font bondir
Les propos d'Alain Finkielkraut sur le sport féminin font bondir
L'essayiste rempile avec une énième sortie honteuse. Cette fois-ci, il s'attaque à la Coupe du monde féminine de football et au sport féminin en général.
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Alain Finkielkraut a encore frappé. Invité sur le plateau des "Voix de l'info", diffusé sur CNews, il a été questionné sur la Coupe du monde féminine de football qui se déroulera du 7 juin au 7 juillet, en France.

Fidèle à lui-même, le philosophe n'a pas pu s'empêcher de déblatérer une longue tirade sexiste sur l'événement particulièrement médiatisé cette année (enfin !), d'une voix plaintive qui n'a rendu ses mots que plus pénibles à entendre.

"J'aime pas le football féminin. Mais c'est pas possible ! Après, on va faire le rugby féminin ?", lance-t-il à la journaliste, Sonia Mabrouk. "Mais arrêtez l'égalité, l'égalité ! Bien sûr l'égalité, mais un peu de différence ! (...) Ça ne me passionne pas, ce n'est pas comme ça que j'ai envie de voir des femmes."

Et c'est bien dans cette dernière phrase qu'est tout le problème. Qu'Alain Finkielkraut n'ait pas d'affinité particulière avec le foot féminin, ni d'envie de regarder la compétition, soit, il en a le droit. Mais la véritable raison de son désintérêt pour la discipline ne réside pas tant dans l'indifférence qu'il porte au ballon rond que dans l'urticaire que lui déclenche une femme qui ne reste pas à sa place.

En affirmant que ce n'est pas "comme ça" qu'il a "envie de voir des femmes", il les réduit à la simple fonction de divertissement, de "potiches", comme si leur unique rôle était de vivre leur vie pour plaire aux hommes, sans oublier d'être agréables à regarder.

Il conclut en apothéose face à la journaliste interloquée : "Et après, vous allez me demander de regarder un match de boxe entre femmes, puis un match de rugby... Eh bien moi j'ai pas envie, j'ai pas envie !". Un argument bien pauvre pour un Académicien, mais qui ne nous étonne malheureusement que très peu.

Sur Twitter, les réactions ne se sont pas faites attendre.

"Quelle est cette odeur ? La masculinité fragile."

Ce n'est pas la première (et malheureusement pas la dernière) fois que le philosophe rétrograde se vautre dans le sexisme primaire. En 2014, il moquait les ministres féminines, rappelle le HuffPost, lançant cette phrase crasse : "Qui peut raisonnablement penser que les ministres Rama Yade ou Rachida Dati ont été retenues pour leur intelligence politique ? Une beurette garde des Sceaux ?". Puis plus tard, en 2017, assurait au Figaro que "L'un des objectifs de la campagne #Balancetonporc était de noyer le poisson de l'islam".