Apprendre les bienfaits de l'allaitement dès l'école, une bonne idée ?

Publié le Jeudi 24 Mai 2018
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Apprendre les bienfaits de l'allaitement dès l'école, une bonne idée ?
Apprendre les bienfaits de l'allaitement dès l'école, une bonne idée ?
Afin de remédier au faible taux d'allaitement en Europe, un récent rapport publié par l'UNICEF préconise de sensibiliser les populations aux bienfaits de l'allaitement dès le plus jeune âge, en l'enseignant au collège.
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En matière d'allaitement, les Européennes sont loin d'être les championnes du monde. En effet, comme le rappelle un rapport de l'UNICEF publié le 10 mai par l'UNICEF, l'Irlande, la France et le Royaume-Uni figurent parmi les pays qui présentent les plus faibles taux d'allaitement. Ce contraste dépasse d'ailleurs l'Europe puisque les États-Unis qui se hissent en 3e place du classement de l'UNICEF, avec 74%4, après les Françaises (63%) et les Irlandaises (55%). À titre de comparaison, les pays où le taux d'allaitement est le plus élevé sont le Sri Lanka (99,4 %) et le Bhoutan (99,3 %).

"Bien que le lait maternel sauve des vies, protège les bébés et leurs mamans de certaines maladies mortelles, et soit lié à un meilleur QI et une meilleure réussite académique, environ 21% des bébés ne seront jamais nourris au sein dans les pays riches alors que ce taux avoisine les 4% dans les pays aux revenus modestes", explique le rapport de l'UNICEF.

Pour y remédier, les experts en santé qui ont rédigé cette enquête préconise que l'allaitement maternel soit enseigné dans les écoles afin que les élèves puissent apprendre tous les bienfaits que l'allaitement maternel peut offrir à la fois à la mère et à son enfant. Les auteurs proposent d'inclure ce dispositif dès le collège, en cours de sciences de la vie et de la terre (SVT).

Parler des bienfaits de l'allaitement dès le collège

D'après les auteurs du rapport de l'UNICEF, le faible taux d'allaitement dans les pays riches s'explique par le fait que certaines femmes ne sont pas en mesure de produire du lait maternel ou trouvent l'expérience trop douloureuse ou difficile.

Une étude française publiée en 2015 publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire a montré qu'une majorité de mères (près de 70%) entame un allaitement naturel à la naissance de leur enfant, mais que cette proportion chute à 53,8% un mois après.

Honte d'allaiter en public

Toujours selon cette étude, on observe un décrochage six semaines après l'accouchement. Tous ces chiffres suggèrent que les femmes peinent dans leur majorité à concilier allaitement et retour au bureau. "Tirer des kilomètres de lait matin et soir harnachée à la machine alors qu'on est déjà crevée par les nuits et la reprise du travail, ça me semble très tyrannique d'attendre ça des mères qui travaillent", nous expliquait, Mathilde, jeune maman.

À ces facteurs, s'ajoute celui de la gêne d'allaiter en public, très répandue au sein de nos sociétés occidentales. Un sondage britannique publié en 2016 et relayé par The Guardian avait révélé que six femmes sur dix se sentent gênées à l'idée ou mal à l'aise d'allaiter à l'extérieur de la maison. Même problème en France : d'après une autre étude 41% des Françaises trouvent "embarrassant" d'allaiter en public (contre 18% des Américaines).

Pour le professeur britannique Russell Viner, sensibiliser les enfants à cette question dès leur plus jeune âge par le biais de l'école resterait le moyen le plus efficace pour abolir ce tabou, a-t-il expliqué au site au site Refinery29.

Encourager les jeunes mamans à allaiter est important, mais ces dernières ne doivent pas le percevoir comme une obligation. En effet, on assiste depuis ces dernières années à une culpabilisation croissante à l'encontre des femmes qui choisissent de ne pas allaiter leur enfant ou qui ne respectent les fameuses recommandations de l'OMS, qui préconise un allaitement exclusif de 6 mois.

Une femme devrait pouvoir choisir en toute liberté de donner ou non le sein à son enfant, sans éprouver de honte à le faire en public ou avoir peur de ne pas faire "comme les autres".