Culture
Alors que son "Megalopolis" fait grand débat, Francis Ford Coppola s'en prend aux "woke" et à la "cancel culture"
Publié le 28 août 2024 à 10:56
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Alors que son "Megalopolis", le projet d'une vie, a beaucoup fait réagir à Cannes, le réalisateur mythique du "Parrain" et de "Apocalypse Now" ne risque pas vraiment de faire l'unanimité avec cette déclaration...
Alors que son "Megalopolis" fait grand débat, Francis Ford Coppola s'en prend aux "woke" et à la "cancel culture"
Alors que son "Megalopolis" fait débat, Francis Ford Coppola s'en prend aux "woke" et à la "cancel culture" Megalopolis, en salles le 25 septembre, c'est le projet d'une vie pour Francis Ford Coppola : il y réfléchir depuis les années 70. Et n'a pas fait de film depuis 2011. Mais le projet croûle déjà sous les polémiques... Effectivement, alors que le cinéaste est accusé de "comportements inappropriés" sur le plateau, et que son teaser emploie de fausses citations générées par IA, ce sont ses propos qui font réagir : dans Rolling Stone, il étrille les "woke" et la "cancel culture"... Il explique avoir volontairement dirigé des acteurs "annulés", controversés ou au coeur d'accusations, comme Shia Labeouf et Jon Voigt, mais aussi Dustin Hoffman...  Il souhaitait concilier acteurices hyperconservateurs et hyperprogressistes, de ses propres mots, comme pour réunir les diverses convictions américaines. Coppola fustige les "productions woke hollywoodiennes" qui "font la leçon" aux spectateurs...
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Derrière le projet - celui d'une vie puisqu'il est médité depuis les années 70, rien que ça - il y a tout un feuilleton médiatique qui ne semble ne jamais s'arrêter... Pas forcément pour les bonnes raisons d'ailleurs. 

Megalopolis, c'est le projet de coeur de Francis Ford Coppola. Cela fait des lustres que ce nom est sur toutes les lèvres des fans du cinéaste, et le réalisateur du Parrain et d'Apocalypse Now l'a en grande partie financé. Cette sorte d'uchronie politico-satirico-mélancolique (pour faire très très simple) imaginant en les Etats-Unis le nouvel Empire romain (et tout naturellement, sa chute) débarque enfin dans nos salles le 25 septembre après un passage... Très remuant, à Cannes. Au Festival, ce film de science-fiction infiniment personnel pour "FFC" a suscité moqueries, textes dévastateurs, punchlines assassines... 

Et sa promo ne fait pas moins réagir. On comprend pourquoi. Alors que le teaser du film, employant des critiques négatives des classiques de Coppola (comme pour nous dire : chaque chef d'oeuvre est incompris à sa sortie), s'est révélé mettre en avant... De faux extraits de critiques, générés par IA (oui oui), Coppola lui-même ne se met pas dans une meilleure position lors de ses interviews.

La preuve ? Dans les pages de Rolling Stone, il s'est permis de tacler les "woke" et leur "cancel culture", de ses propres mots... Quitte à risquer un "OK Boomer" en bonne et due forme. On vous raconte.

Dans Megalopolis, un casting qui fait risque de faire réagir... Et c'est fait exprès, à en croire Francis Ford Coppola 

A Rolling Stone, Coppola l'énonce sans détour :  "Ce que je ne voulais pas, c'est faire une énième production hollywoodienne woke". Démonstration de cette note d'intention curieuse ? Employer, poursuit-il, des acteurs "cancelled", c'est à dire "annulés" : comme Shia Labeouf, accusé de violences physiques et sexuelles sur son ex compagne, la chanteuse FKA Twigs, accusations qui ont pour finalité un procès en 2020... ou bien Jon Voight, vétéran de l'acting (chez John Boorman, John Schlesinger), aux positions politiques actuelles pour le moins... Conservatrices. Très pro-Trump dirons-nous. 

Petit rappel du glossaire d'usage... "Woke", c'est à dire éveillé. Des luttes féministes aux combats écolos, ce terme anglophone rapproché par ses détracteurs de la fameuse "bien-pensance" ou du "politiquement correct" désigne le fait d'accorder une certaine importance aux combats pour l'égalité et l'inclusion, et à le revendiquer sur les réseaux sociaux. La cancel culture, c'est le fait de boycotter ou d'appeler au boycott d'un artiste au coeur de controverses, de polémiques et le plus souvent d'accusations judiciaires concrètes. 

Le metteur en scène de 85 ans a décidé de cliver jusqu'au bout, certainement atteint par le degré de violence des critiques émises à l'encontre de son film "mégalo". Une fable de science-fiction qui devrait en dérouter plus d'un. En interview cependant, il précise ses propos, loin d'être simplement provocateurs : "Je voulais surtout que mon film ne se contente pas de faire la leçon aux spectateurs..."

"Dans mon film il y a des gens qui sont archiconservateurs et d'autres qui sont extrêmement progressistes politiquement !", modère encore le cinéaste. En fait, cette assertion est à l'image de l'Amérique contemporaine, post-Trump. Et c'est justement ce portrait de la nation que s'exerce - avec plus ou moins de subtilité - de dresser Coppola dans cette oeuvre disproportionnée qui cligne de l'oeil aux Républicains, aux Démocrates, aux populistes, aux "icônes" politiques... 

"Malgré ces opinions nous travaillions tous ensemble sur un même film. C'était intéressant. Je veux que ce film fasse parler". 

Aux lecteurices de deviner qui, entre Adam Driver Talia Shire, Jason Schwartzman, Aubrey Plaza, Laurence Fishburne, Dustin Hoffman, est "hyperconservateur", et qui est... "Hyperwoke", comme pourrait l'énoncer le réalisateur en épousant ce lexique cher à une certaine classe politique... Des termes qui ne risquent pas forcément de convaincre les plus réticents à découvrir ces 138 minutes d'expérimentations cinématographiques.

D'autant plus suite aux accusations qui pèsent directement sur Francis Ford Coppola. Rappelons que l'auteur est accusé de "comportement inapproprié" (comme l'énonce l'expression) sur le tournage de Megalopolis : on l'accuse d'avoir embrassé des figurantes sur le plateau, en mai dernier...

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