





"Vive les lesbiennes !"
Cela, c'est ce qu'a clamé au Festival de Cannes avec un grand sourire l'actrice Mouna Soualem, suite à la diffusion face aux festivaliers de La petite dernière, le dernier film en tant que réalisatrice de la Césarisée Hafsia Herzi, autrement dit l'adaptation cinématographique du premier roman, et véritable phénomène littéraire, de Fatima Daas.
C'est l'histoire d'une femme qui doit concilier condition lesbienne et convictions religieuses au sein d'une société patriarcale.
Et ce film de faire écho à un autre présent sur la Croisette, une autre adaptation de roman choc : la transposition à l'écran de Love me Tender, le second récit d'autofiction bouleversant de l'autrice queer Constance Debré, autofiction qui avait d'ailleurs donné lieu à une longue critique élogieuse sur Terrafemina au moment de sa sortie.
Love Me Tender, c'est également une histoire, certes de maternité, mais aussi, de coming out lesbien, de condition queer, de femme qui aime les femmes et cherche à revendiquer son identité dans un monde hétéro-normé. A l'écran, c'est la fantastique Vicky Krieps qui incarne l'autrice... Comédienne exceptionnelle qui a radicalement changé de look pour le rôle.
Et pour Cannes, ces voix lesbiennes sont une révolution.
Tant et si bien que Télérama s'interroge : et si Cannes 2025 était incontestablement l'année du cinéma lesbien ?
On a rarement entendu autant de voix ouvertement queer. Même lors de la découverte il y a cinq ans de cela du Portrait de la jeune fille en feu, devenu un incontournable non seulement du cinéma français mais aussi de la culture lesbienne internationale.
D'autant plus si l'on prend en compte en cette édition 2025 les oeuvres d'artistes connues pour leur engagement féministe mais aussi leur soutien à la communauté queer, telle que Kristen Stewart tout naturellement, actrice lesbienne parmi les plus iconiques du cinéma actuel, qui vient défendre sur la Croisette son tout premier film en tant que réalisatrice, The Chronology of Water.
Lequel devrait également bouleverser la vision cinématographique des femmes qui aiment les femmes.
On a également à l'esprit Rebecca Zlotowski, amie et consoeur au sein du collectif 50/50 de l'immense Céline Sciamma, grande voix queer en France.
Zlotowski fait l'événement avec son tout dernier long métrage, Vie privée, où excelle Jodie Foster... Jodie Foster, qui est une comédienne internationale prestigieuse ayant depuis des années revendiqué son homosexualité. Elle n'hésite jamais à embrasser sa compagne lors des remises de prix, comme les Golden Globes.
Visibilité que le film de Hafsia Herzi vient célébrer avec résonnance sororale.
Et le compte militant Lesbien Raisonnable, aux abondants followers, de s'en réjouir sur Instagram : "Pardon pour la vidéo d’ordi filmée mais c’est trop important ce qu’il vient de se passer ???? URGENT Mouna Soualem qui fait crier à tout le théâtre lumière « 1, 2, 3 VIVE LES LESBIENNES » après la projection de La Petite Dernière ! Voilà ça c’est le festival de Cannes qu’on aime, hâte de voir le film maintenant !"
Des célébrités à l'unisson telle que Judith Godrèche expriment leur enthousiasme face à ce cri de joie de Mouna Soualem, qui résonne comme un slogan militant de Marche des Fiertés : "Je vais sourire toute la journée grâce à cette vidéo. Merci"
De quoi citer l'incontournable Alice Coffin qui confie à Terrafemina : "J'aime l'expression Génie Lesbien"
"Le génie lesbien est une expression performative qui veut dire : "On ne baisse pas la tête". Non seulement on ose se dire lesbienne, mais en plus on le revendique de manière extrêmement positive. Et joyeuse. C'est une manière de valoriser des role models galvanisants comme pour inciter à affirmer : je veux en être, je veux être de ce combat".
"Dire le "génie lesbien" est enfin une forme de compensation après des années et des années d'invisibilisation massive des femmes, et des lesbiennes, dans l'histoire des "génies".
Qu'une femme soit reconnue comme une "génie" de l'Histoire, c'est déjà ardu, mais qu'en plus, elle déclare être lesbienne... Nous avons grandi avec une culture collective qui résumait le mot de "génie" aux hommes. Or ce livre parle de cela, de la culture comme outil de propagation du pouvoir masculin, à l'instar de l'art."