"Consent", le mini-métrage glaçant qui dénonce le viol conjugal

Publié le Mardi 18 Septembre 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Consent
Consent
En seulement trois minutes, le réalisateur Florent Sabatier a réussi à capturer le drame qu'est le viol conjugal. Son mini-métrage "Consent" vient de gagner un prix international en Australie.
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C'est un court-métrage français qui vient de gagner le prix du meilleur mini-métrage en langue non-anglaise du festival My Røde Reel en Australie. Cet événement, organisé par le fabricant de micros professionnels Røde, est tout simplement le plus grand concours de mini-métrage au monde. Cette année, 1638 films étaient en compétition, venant de 99 pays différents.

Dévoilé sur Youtube le 30 juillet dernier, Consent raconte l'histoire de Manon et Arnaud, un couple en apparence sans histoire. Mais dans les trois minutes que dure le film, leur relation va glisser vers le malaise le plus total. En très peu de temps, Consent arrive à explorer les étapes qui mènent au viol conjugal. Des premiers temps où l'on répond simplement : "Je suis fatiguée, je n'en ai pas envie maintenant", à se laisser faire complètement sous les demandes répétées.

Dans le résumé de son film, Florent Sabatier explique : "Manon n'a aucun désir d'être prude ou de refuser d'avoir une relation sexuelle avec son mari. Elle veut juste le désirer. Elle ne veut pas qu'on la pousse ou qu'on la force à le faire." Il s'interroge : "Où commence le viol conjugal ?"

Florent Sabatier ne montre jamais les relations sexuelles et ce qui devient peu à peu ce viol. Le réalisateur a voulu s'attarder dans le peu de temps qui lui était imparti, sur cette zone grise du consentement qui bien trop souvent n'est pas comprise et n'est pas entendue dans le couple. Parce que même si on n'en a pas vraiment envie, on dit oui parce qu'on le "doit", parce qu'on est en couple ou marié, même s'il n'y a plus de désir. On fait peser sur la femme le "devoir conjugal". Un devoir plus qu'un réel désir. Parce qu'une femme doit à son époux des relations sexuelles.

Cette pression psychologique est ainsi développée dans ce court-métrage, la première de la part du conjoint, Arnaud, qui ne cesse de revenir à la charge : "Tu es ma femme merde ! J'ai le droit de te faire l'amour putain, c'est comme ça, tu peux pas prendre mon désir en compte deux secondes. J'peux aller voir ailleurs. J'ai envie de toi ça devrait te faire plaisir !"

Lui-même n'est pas du tout à l'écoute de sa femme, mais seulement de son propre désir. C'est aussi une pression de l'entourage pour savoir si tout va bien.

Dans un entretien à Elle, il explique les raisons qui l'ont poussé a choisir un couple de personnes blanches, classe moyenne supérieure : "Un couple 'citadin' et jeune afin de montrer que ce genre de choses touche tout le monde. J'ai d'ailleurs eu des retours assez étonnants d'amis garçons qui me disaient qu'ils ne trouvaient pas le comportement de Greg déplacé."

Consent est donc un film nécessaire pour (faire) comprendre à certains qu'ils dépassent les limites et à certaines qu'elles n'ont aucun "devoir" à respecter.