Chloé Delaume brise les non-dits.
On doit à cette romancière de talent, dont l'œuvre littéraire se densifie considérablement ces vingt dernières années, l'excellent Le coeur synthétique, portrait hyper contemporain de femme sensible, ironique, tendance Virginie Despentes, et ambitieux dans sa représentation d'une société patriarcale en proie aux grands enjeux féministes, ces "take" fondamentales post-MeToo.
Sur le plateau de La grande librairie, émission adorée des férus de débats culturels, l'autrice a décidé de soulever un sujet de taille, une nouvelle fois, dans une atmosphère très concertée : le viol conjugal, et plus globalement, le consentement dans le couple, toujours trouble dès qu'il s'agit d'acte sexuel.
On se souvient que jadis, la notion de "devoir conjugal" était admise : ce qu'elle implique, c'est ni plus ni moins que la banalisation du viol conjugal. Du rapport forcé. L'acte sexuel est considéré comme une partie du contrat de mariage. Ce qui en dit long sur les bases du système patriarcal - et capitaliste, considérant le corps des femmes comme une valeur marchande.
"Dans le couple, le consentement est toujours forcé", introduit ainsi avec éloquence cette grande autrice, à qui l'on doit des romans aussi intenses stylistiquement qu'émotionnellement.
Chloé Delaume étaye sa réflexion sur le plateau de La grande librairie, face aux caméras de France 5, balançant quelques mots loin d'être anodins sur le vaste sujet du consentement.
Et ça fait mal.
Chloé Delaume libère la parole.
Ecoutons-là s'expliquer auprès de Augustin Trapenard : "On est assigné à consentir dans le cadre conjugal. Une fois en couple, la femme, pour faire plaisir, pour avoir la paix, va consentir plus facilement".
C'est toute une réflexion que la romancière et militante féministe énonce.
Détaillant : "C'est comme si notre corps ne nous appartenait plus. Moi je crois qu'il faut que la honte change de camp. On a aussi besoin des hommes pour faire changer tout ça et je crois qu'une affaire comme celle des viols de Mazan le suggère intensément. Il faut que les pères, frères, amis, regardent les hommes qui violent, les pointent du doigt"
"Les hommes n’ont que faire du regard des femmes sur eux, sinon ils ne les v*oleraient pas ! Seul le regard de leurs pairs peut leur faire honte. Comme dit Chloé Delaume on a besoin ici d’un peu d’adelphité. À vous les gars de montrer du doigt ceux des vôtres qui font n’importe quoi.", dénonce en retour une autre autrice féministe, Noémie de Lattre, dans une publication Facebook très commentée, où l'artiste relaie la vidéo en question.