Evénement caritatif créé en 2016 par les streameurs ZeratoR et Dach, le Z Event est toujours synonyme d'exceptionnels résultats en terme de donations distribuées aux associations - lesquelles sont méticuleusement choisies chaque année. En 2022 par exemple, le ZEvent avait récolté 10 182 186 euros au profit d'association écologistes. L'édition 2024 avait justement lieu ce weekend.
Ainsi 48 heures de stream sur la plateforme Twitch plus tard (autrement dit, un flux de vidéo en direct émanant de nombreux "streameurs", jouant aux jeux vidéo, débattant entre eux, réalisant des défis, des "happening"...), et la persévérance de 135 streameurs aidant, ce sont plus de 10 millions d'euros qui ont été finalement récoltés en faveur de cinq associations de lutte contre la précarité. Lors de cet événement, les "viewers" - ceux qui regardent le "stream", participent et donnent - sont toujours très actifs. C'est un véritable moment de communion entre les streameurs et leur communauté.
Mais cette année fut également celle d'une prise de parole à ne pas négliger.
Ce témoignage, c'est celui de la streameuse Ultia, très suivie sur Twitch comme sur YouTube. La "gameuse" est effectivement revenue sur le harcèlement qu'elle subit en ligne depuis trois ans déjà.
En 2021, sa prise de parole au sujet du sexisme trop banalisé sur Twitch, notamment émanant de certains "viewers" et de leurs commentaires déplacés, avait engendré une vague d'attaques en lignes ciblées. "On ne peut pas toujours contrôler l'escalade, nous condamnons ÉVIDEMMENT le harcèlement", avait alors déploré ZeratoR, dénonçant "certains comportements abusifs".
En 2024 cependant, Ultia constate que les choses n'évoluent guère.
Ainsi cette année, ce sont ces "donation goals", autrement dit, la liste de promesses proposées à ses viewers en fonction des caps de donations atteints, qui ont été sévèrement critiqués sur les réseaux sociaux, comme Twitter, et ce dès leur annonce publique. Commentés, oui, mais surtout : massivement commentés. Pour Ultia, ce n'est pas un hasard.
Sur Twitch, lors du #ZEVENT2024, elle a dénoncé cette situation.
On l'écoute.
Lors de son stream, Ultia a effectivement pris la parole : "Ceux qui disent : ce n'est pas du harcèlement de donner son avis, vous êtes mesquin, et vous savez au fond que vous avez tort. Imaginez des milliers et des milliers et des milliers de personnes qui viennent te dire TOUS LES JOURS : tes donation goals c'est de la merde, ce que tu fais c'est de la merde, qui regarde cette connasse ?..."
"C'est du harcèlement ce que vous faites. On sait très bien le sous-texte de vos messages quand vous postez dans mon chat quelque chose comme 'Tes donation goals ne sont pas très pertinents Ultia'... je ne suis pas débile, je sais très bien déceler l'ironie, je sais ce que vous faites. Ce que vous me dites sur moi, ca me passe au dessus"
"Vous êtes tellement insignifiant dans ma vie actuellement. Vous êtes pathétiques, vous êtes malheureux, c'est un week end caritatif, on est là pour récolter des dons. Dans la vraie vie, jamais j'ai croisé quelqu'un qui m'a tenu ce genre de propos !"
Ultia souhaite aussi sensibiliser à la responsabilité des "gros" streameurs face à cet afflux de commentaires et leur mise en lumière.
"Les gros comptes Twitter qui participent à ce harcèlement en ligne, allez vous faire foutre. J'ai toujours donné de mon coeur, de mon temps, de mon argent, pour le ZEVENT et les donation goals. Les valeurs de cet événement sont très bien et c'est pour ça que je suis invitée depuis 2020. Vos propos sont tous d'une mesquinerie sans nom"
A l'unisson, des internautes dénoncent cette situation sur Twitter. "Vous êtes pathétiques, on ne veut pas de vous ni dans son chat, ni sur Internet. C'est un événement caritatif, vous faites pitié Elle a dit les termes, pètez votre seum", "Ça fait tellement du bien d'entendre ça, grosse force à elle :) c'est dur de rester poli quand on voit certains trucs", "Au lieu de l’insulter ou critiquer autant ne juste pas regarder", "Quelle vie nulle ils doivent avoir pour perdre du temps, des heures entières, à dépenser de l’énergie de ouf, pour insulter les gens", peut-on ainsi lire.
En 2021, le streameur et gamer Ponce avait déjà déclaré sur ses réseaux sociaux, lors d'une prise de parole remarquée : "Ultia vit des choses que nous, les hommes, nous ne vivrons jamais. Elle en prend plein la gueule depuis toujours. Désolé de le dire à tous les hommes de France, mais la personne qui a eu le plus de couilles ce week-end, c'est Ultia".
Le harcèlement en ligne sur Twitch, c'est un vrai sujet. Notamment dénoncé par l'initiative Stream'her, une communauté qui a pour but de mettre en avant les femmes dans le streaming. Et par certaines streameuses justement, comme Maghla, et Nat'ali, laquelle témoigne auprès de Numérama à propos d'un aspect positif qui doit résulter de ces prises de parole... à savoir, la sororité : "Si les mecs ont toujours le même comportement, la relation entre les joueuses a changé. C'est ça, la grosse victoire de #MeToo : il y a une vraie solidarité sur Twitch entre nous, on se parle beaucoup. On a compris qu'il fallait qu'on s'entraide"
En cas de cyber-harcèlement, vous pouvez contacter le 3018 par téléphone.