Et si on téléchargeait ces ingénieuses typos "gender fluid" ?

Publié le Lundi 02 Mai 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Produits d'un travail de recherche et de création pointu, ces fontes élaborées par la collective franco-belge Bye Bye Binary permettent des alternatives inclusives au point médian, pour davantage de visibilisation des personnes qui parlent et dont on parle, à l'écrit comme à l'oral.
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Bye Bye Binary est "une collective franco-belge, une expérimentation pédagogique, une communauté, un atelier de création typo·graphique variable, un réseau, une alliance". En son sein, des chercheur·euses oeuvrent à la création et à l'alimentation d'une typothèque où sont mises à disposition et en libre service des "fontes inclusives, non-binaires, post-binaires en construction".

Un moyen de rendre accessible à tou·te·s ces ingénieux caractères, alternatives bienvenues et simples d'utilisation une fois que l'oeil s'y est fait, du point médian, et donc de visibiliser encore davantage les personnes qui parlent, et dont on parle, à l'écrit comme à l'oral.

Comment ça marche ? Prenons l'exemple de Baskervvol, l'une de ces fontes collaboratives. Une fois la typo téléchargée sur genderfluid.space, "chercheur·se" ou "chercheur·euse" sera remplacée par un "glyphe", un symbole inventé qui mêle les lettres "r", "s" et "e" pour former une terminaison inclusive.

"Faire exister à l'écrit l'étendue et les variations du genre"

Un travail qui n'est pas sans rappeler celui largement médiatisé et attribué à Tristan Bartolini. A ce sujet justement, Bye Bye Binary entend remettre les choses au clair : si le graphiste a bien participé à la typographie, il n'en est pas l'auteur principal ni unique. Et d'ailleurs, il ne souhaiterait en aucun cas être considéré comme tel.

Un communiqué daté du 23 octobre 2020 le rectifie, et déplore "l'idée simpliste que ce travail typographique est la découverte d'une seule personne, alors que de nombreuses personnes féministes/queer/trans-pédébi-gouines travaillent ardument à la visibilisation et à la diffusion de caractères typographiques inclusifs depuis plusieurs années maintenant."

Et d'insister sur l'importance de ces recherches, qui "contribuent à faire exister à l'écrit l'étendue et les variations du genre", comme de "ne pas invisibiliser la production de designers et plus généralement de personnes concernées (parce que trans, genderqueer, non-binaires) et pour qui ces recherches graphiques sur l'écriture inclusive relèvent d'une urgence et d'une nécessité existentielles, dans la mesure où elles leur offrent de matérialiser leur existence dans l'espace commun, collectif et partagé d'une langue."

Une précision terriblement importante, à partager elle aussi.