L'éducation d'un enfant est une lutte de longue haleine. Tout en accordant la place nécessaire à sa libre-expression et à son épanouissement, il est primordial de poser très rapidement des limites, des barrières, toujours périlleuses mais fondamentales. Histoire de ne pas goûter à cette hantise si médiatisée, et illustrée par nos contes préférés depuis des siècles et des siècles : l'enfant "pourri gâté". Ou, comme l'énoncent certains spécialistes, l'enfant-roi. Celui qui du haut de son trône vous mène par le bout du nez. Alors, à quoi les reconnaît-on ? Et que faut-il faire pour rectifier leur attitude quelque peu déplacée ? Pas de panique, suivez le guide.
La règle d'or de l'enfant pourri gâté est de ne jamais être satisfait. Nourriture, jouets, cadeaux divers, son mécontentement sera parfois à la hauteur de l'intention qu'on lui accorde. Insatiable, il en veut toujours plus. Sinon, ce grand gourmand se fâche tout rouge. Or, l'insatisfaction est un obstacle comme un autre, que les enfants doivent surmonter tous seuls, et peu importe l'envergure de leur énervement.
Une épreuve qu'il leur faut affronter, afin de mieux apprendre de leurs erreurs et de gagner en responsabilité. Et si cette insatisfaction participait au développement de l'enfant ? En tout cas, selon le magazine Today, cette invitation à plus d'autonomie est une véritable "opportunité d'apprentissage".
Et cette autonomie ne concerne pas simplement les objets alentours ou leur environnement, mais également leurs émotions. "Vous serez toujours là pour les soutenir, mais ils se sentiront beaucoup plus responsabilisés en manipulant les choses par eux-mêmes sans que vous interveniez", développe le média. Et si c'était ça, la bonne façon de concilier bienveillance et autorité ?
Pour le site spécialisé Empowering Parents (le pouvoir des parents), il faudrait quelque peu bouleverser ses certitudes en comprenant "qu'aimer nos enfants est un objectif parental majeur, mais qu'il est tout aussi important de savoir que vous pouvez l'aimer sans lui donner l'impression qu'il a besoin d'être constamment satisfait". L'insatisfaction aurait-elle ses vertus ?
Le coeur de cette insatisfaction, justement, est que certains enfants veulent tout, tout de suite. Et refusent (viscéralement) qu'on leur dise "non". Eux peuvent le dire, mais pas vous. Pour le site parental Your Modern Family, la compréhension du "non" ne doit pas se limiter à quelques leçons de morale ou remontrances. Non non, elle doit prendre une forme matérielle. Car bien souvent, ce "non" intervient quand il s'agit de refuser à l'enfant l'obtention naturelle d'un objet, d'un jouet ou d'un bien quelconque au sein d'un magasin. Très vite, votre "non" aura pour réactions les protestations vives et (très) sonores de votre progéniture.
Face à cette situation embarrassante, ne pas lui offrir le bien en question n'est pas la seule solution. Il existe une alternative : lui attribuer un peu d'argent de poche. Avec modération, une fois par semaine. Ainsi, l'enfant va progressivement prendre conscience de ce que représentent ses choix et ses exigences. Il va pouvoir les jauger, et entreprendre quelques pas de recul face à ses propres désirs. Et découvrir que tout ne s'acquiert pas dans l'immédiat, en un simple claquement de doigts, façon Mary Poppins.
"Gâter nos enfants est probablement la chose la plus facile que nous puissions faire en tant que parents. Mais apprendre à les maintenir les pieds sur terre est une tâche beaucoup plus difficile", souligne en ce sens la plateforme familiale. Partez donc à la recherche d'un juste-milieu.
Les enfants trop gâtés seraient-ils de grands égocentriques en devenir ? Peut-être, suggère au Huffington Post la psychopédagogue Michele Borba. A la lire, chez eux, tout tourne autour du "moi". Et plus précisément "de leurs besoins, préoccupations, sentiments, désirs". Une manière comme une autre de susciter l'attention, et, surtout, d'en être le centre. Pas forcément d'intentions malveillantes là-dedans d'ailleurs, mais l'expression d'une envie légitime de satisfaction totale, qu'il faut savoir modérer bon gré mal gré en tant que parents.
Paradoxalement, développe la psychopédagogue, ces enfants sont dans le "moi", mais tout ce qu'ils reflètent, c'est le "eux" : les parents dont ils s'inspirent. "Les enfants font ce que nous leur apprenons à faire. S'ils sont trop permissifs et ne fixent jamais de limites, l'enfant ne sera pas habitué à respecter les limites appropriées", précise la psychologue clinicienne Laura Markham.
Pour le site américain Today, le "moi, moi, moi" est carrément une "épidémie" chez ces enfants pourris gâtés, qui se comporteraient comme de véritables "conjoints exigeants, à plus grande échelle" (rien que ça). La solution ? Apprendre aux enfants à se débrouiller par eux-mêmes. Et, pourquoi pas, les inciter à participer à la vie de famille, par des actions plus ou moins grandes, adaptées à leur petite échelle (rangement, disposition des couverts, ménage). L'idéal pour les sortir quelques temps de leur bulle et leur rappeler que c'est le "Nous" qui compte. Vous verrez que, une fois leurs horizons élargis, leur ego dégonflera petit à petit comme un ballon de baudruche.
Ne pas céder à leurs caprices revient évidemment à déclencher la tempête. Salves de coups de pieds, cris, pleurs... Tout est bon pour faire retentir sa colère. Bien sûr, cette colère est saine chez les enfants. Il suffit de voir tout ce que cette émotion raconte sur les pressions sociales que subissent les petites filles par exemple. Ou d'écouter les mots de la thérapeute conjugale et familiale LeNaya Smith Crawford, pour qui "les crises de colère peuvent être appropriées au développement des tout-petits ou des très jeunes enfants qui ne peuvent pas s'exprimer correctement", détaille l'experte au HuffPost. Mais attention, cette colère ne doit pas cependant vriller à l'incontrôlable.
Bien sûr, c'est toujours "plus facile à dire qu'à faire". Il n'est jamais simple de ne pas céder aux enfants capricieux, ne serait-ce qu'occasionnellement. La charge mentale, l'épuisement, l'impatience, ou tout simplement l'amour qu'on leur porte, influent énormément sur l'attitude à adopter. Comment faire alors pour leur rétorquer sans céder au chantage ? Tout d'abord, en se rappelant à l'instar du site Empowering Parents que "sur le plan émotionnel, trop faire plaisir aux enfants n'est pas la même chose que de les aimer". Et que le caprice n'a rien d'une fin en soi. Ni l'énervement, d'ailleurs.
Mais aussi (et surtout) en leur exprimant, de façon claire, l'absurdité de leur attitude (disproportionnée), et l'éventualité d'une punition. Avec des mots limpides, sans détour. "Votre enfant désire ardemment que vous vous fixiez des barrières : cela lui permet de se sentir en sécurité en acquérant un sens des limites", explique le média spécialisé dans l'éducation. Et si ne pas céder aux caprices de nos chères petites têtes blondes permettait en vérité de les rassurer ?
Selon ce panorama exhaustif du site de psychologie Best Life Online, il existe au moins 27 signes qui prouvent que votre enfant est pourri gâté. C'est beaucoup, oui. Mais tous se rejoignent sur un point : son comportement est immature, surtout quand il interagit avec les autres. Exemple ? Il est bien trop souvent mauvais perdant. Et ses réactions excessives lors des activités de groupe le démontrent largement. Pour la psychologue clinicienne Lori Whatley, il est alors important de lui faire comprendre, en dialoguant, mais aussi en jouant, "que collaborer correctement avec les autres est une partie importante de la vie".
Car le souci de l'enfant trop gâté (et narcissique) a beaucoup à voir avec autrui : c'est un problème collectif et social. Selon la psy, ses crises de colère sont dues à leur peur de la confrontation, une appréhension qu'il tourne à son avantage en attirant l'attention sur lui. Un réflexe nocif, puisqu'il met à mal sa capacité d'empathie et d'écoute, pourtant nécessaires à son développement personnel. Mais aussi sa politesse, étroitement liée à son estime de l'autre. Et là encore, tout cela exige de votre part une sorte "d'éducation à l'autre". Et cela peut prendre la forme de petites choses. L'inciter à échanger ses jouets, par exemple, histoire de l'initier au partage.
"Bien qu'il soit normal que les enfants soient égocentriques à certains âges et aient de la difficulté à se séparer de choses qui sont très importantes pour eux, votre enfant devrait être capable de faire preuve de générosité. Que ce soit en offrant un jouet à un camarade de jeu qui pleure ou à faire don de jouets qu'il n'utilise plus aux familles qui n'en ont pas les moyens", suggère à ce titre la thérapeute conjugale et familiale Virginia Williamson. On note !