Et si l'écart salarial entre femmes et hommes commençait avec l'argent de poche ?

Publié le Mardi 05 Janvier 2016
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Et si l'écart salarial entre femmes et hommes commençait avec l'argent de poche ?
Et si l'écart salarial entre femmes et hommes commençait avec l'argent de poche ?
Et si l'écart de salaire qui profite aux hommes et discrimine les femmes ne commençait pas dans le monde de l'entreprise mais bien avant le début de la vie professionnelle ? Selon une récente étude anglaise, les petits garçons toucheraient en effet plus d'argent de poche que les fillettes.
À lire aussi

Les femmes se heurtent au plafond de verre non seulement dans le monde de l'entreprise, où elles sont moins bien payées que leurs confrères, mais ont à subir ces écarts de salaire dès leur plus tendre enfance. C'est, en substance, ce que pointe une récente étude britannique. Réalisée par le cabinet d'études de marché Opinium auprès de 1 057 parents et relayée notamment par Grazia.co.uk et le Daily Mail, elle affirme que les petites filles seraient discriminées par rapport aux garçons dans leur rétribution par leur parents. Tandis qu'un garçon de 14 ans recevra en moyenne 11,47 livres sterling (15,67 euros) d'argent de poche par semaine, une fille du même âge doit se contenter de 10,67 livres (14,58 euros).

Interrogé par le Sunday Times, James Daley, qui dirige le site web des consommateurs Fairer Finances explique qu'il n'existe pourtant "aucune bonne raison expliquant pourquoi il devrait y avoir une différence entre le montant de l'argent de poche donné à un garçon et celui d'une fille". "Les parents doivent abandonner leur façon d'aborder le problème et éduquer leurs enfants selon le principe de l'égalité entre les sexes", poursuit-il.

Des tâches ménagères très sexuées

Cet écart de rémunération entre filles et garçons ne touche pas que les écoliers de Grande-Bretagne. Au printemps 2014, une étude cette fois-ci américaine révélait que les filles étaient aussi discriminées en matière de rétribution pour leur participation aux corvées domestiques. Selon la chercheuse Bryce Covert, qui a piloté l'étude, 67% des garçons interrogés ont affirmé recevoir une allocation, contre 59% des filles. Et même lorsque ces dernières sont récompensées, leur rétribution est en moyenne plus faible que celle perçue par les garçons alors même qu'elles mettent davantage la main à la pâte.

Et qu'en est-il des petits Français ? Si aucune étude récente ne s'est penchée sur l'écart de rétribution filles-garçons en matière d'argent de poche – le dernière, réalisée par l'Insee, date de 2001 - une enquête menée en 2012 par le CSA pour le Crédit Agricole éclaire un peu plus la différenciation faite entre les filles et les garçons dans la répartition des tâches ménagères.

Lorsqu'ils reçoivent de l'argent en l'échange de services rendus, les garçons de 14 à 17 ans se chargent pour 54% d'entre eux de la vaisselle et du rangement. À titre de comparaison, les filles sont 69% à faire de même.

Davantage portés sur les corvées extérieures, les adolescents s'occupent surtout du jardinage (38% contre 21% des filles), du lavage de voiture (42% contre 19% des filles) et des courses (36% contre 22% des filles). En revanche, ces dernières sont préposées au baby-sitting des petits frères et soeurs (23%) contre 12% des garçons.
L'analyse de Gai McGrath, qui travaille pour la banque australienne Westpack ? Cette répartition des tâches ménagères explique l'écart de rétribution d'argent de poche entre filles et garçons. "Certaines tâches ménagères ont tendance à avoir une plus grande valeur monétaire, comme tondre la pelouse", analyse-t-elle.