Et si manger de la merde était le nouveau cool ?
Vous commencez à saturer à force de voir des recettes de smoothie bowls, de granola, sans gluten, vegan, healthy, green, detox et compagnie ? Vous aimeriez pouvoir continuer à manger de la junk food, du sucre et du gras sans vous sentir jugée ? Vous êtes loin d'être la seule. Face aux tendances saines (qui sont une bonne chose, dans le fond, ne crachons pas dans la soupe) (vegan, faite maison, avec des légumes de saison), quelques voix s'élèvent pour s'octroyer le droit de manger salement et n'importe quoi sans honte et sans s'en cacher.
Parce que la dictature de la bouffe healthy sur Instagram a assez duré, laissons la place aux plats et aliments plus indignes et fondamentalement mauvais pour nous, histoire de déculpabiliser un peu. Après tout, l'important c'est de varier les plaisirs...
Parmi ces marginaux se trouve Bella Younger, une humoriste britannique qui a créé le compte Instagram DeliciouslyStella pour se moquer de ces comptes qui ne jurent que par la nourriture healthy et ses bienfaits. Elle reprend tous les codes des posts qu'on a l'habitude de voir sur nos timelines en mettant en scène des aliments dénués de tous bienfaits nutritifs, qui ne sont là que pour le plaisir des papilles.
Ici, elle se moque par exemple de ceux qui cherchent toujours à revisiter des classiques, comme les pâtes, en remplaçant ses spaghetti par des bonbons.
Sans oublier les mises en scène de type romantiques pour annoncer ses fiançailles...
Globalement, Bella s'attaque à toutes les personnes qui mettent leur vie en scène sur les réseaux sociaux en gommant tous les défauts et en se faisant passer pour une fée du logis au quotidien parfait et plein de glamour - sans être malveillante pour autant. Il s'agit juste d'apporter une forme de contraste à l'ambiance photoshopée et lisse qui règne sur Instagram pour ajouter un peu de piquant et de réalisme à tout ça.
Interrogée par BuzzFeed, elle explique comment lui est venue cette idée :
"Avant, je passais quatre heures par jour à culpabiliser devant mon feed Instagram en me disant "Pourquoi tout le monde est à la plage ? C'est quoi cette connerie de courgette stylisée ?""
Et les gens ont vite adhéré à son compte parodique, lui confiant qu'ils étaient eux aussi dégueulasses 95% du temps. Et même sa compagne, une "prof de yoga hippie" adore le concept - ce qui l'a rassurée sur l'effet que son compte parodique pourrait avoir sur celles et ceux qui font partie de la frange dont elle se moque.
Mais Bella n'est pas la seule à revendiquer son mode de vie "malsain" - le tag "unhealthy" ("pas sain") a lui aussi son petit succès sur le réseau social et permet de contrebalancer l'overdose de photos de vies bien rangées. Ainsi, celles et ceux qui succombent facilement à la junk food et au rayon chips et sucreries peuvent aussi étaler leur mode de vie sans honte, en se rangeant derrière ce tag qui rassemble tous les amateurs de mauvaises graisses.
Puisque les réseaux sociaux sont les nouveaux miroirs de notre société, il faut bien que tout le monde y soit représenté. Et si la mode reste pour l'instant aux nouvelles tendances food qui prolongent notre espérance de vie, les amoureux d'huile et de sucre ont eux aussi leur place sur Instagram.
Il y a même quelque chose de cool dans le fait de poster des photos de burgers dégoulinants, des milk-shakes frits bien dégueus et de paquets de chips d'un kilo, une petite ambiance subversive qui donne une vague impression de rébellion et qui fait du bien. Parce qu'il est facile de culpabiliser face à tous ces clichés proprets qui fleurent bon le bio et le commerce équitable, surtout quand on en est pas encore au même stade... Adios les complexes !
En plus, si on se démerde bien niveau lumière, cadrage et maîtrise des filtres, il y a moyen de rendre un plat dégueulasse vaguement stylé et de tromper son monde. Ça devient un jeu, une compétition, entre les sains de corps et d'esprit et les afficionados des graisses saturées. Qui prêchera le mieux pour sa paroisse ? Qui attirera le plus grand nombre de fidèles (et donc de likes) ?
À vous de jouer.
