Des joueuses de foot rennaises privées de short décident de jouer en culottes

Publié le Lundi 08 Mars 2021
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
A Rennes, des joueuses dénoncent l'inégal traitement des sexes.
A Rennes, des joueuses dénoncent l'inégal traitement des sexes.
A Rennes, et plus précisément dans l'équipe féminine du Cercle Paul-Bert Bréquigny, des joueuses de foot privées de short ont décidé de jouer en culottes. Un geste qui pourrait faire sourire, mais délivre en vérité un joli tacle au sexisme ordinaire.
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C'est une drôle de situation que rapporte le journal Ouest France : à Rennes, et plus précisément au sein de l'équipe féminine du club local Cercle Paul-Bert Bréquigny, les joueuses ont décidé de jouer... en culotte. En vérité, c'est pour dénoncer l'inégalité genrée de traitement que les footballeuses ont arboré cette tenue insolite.

Car si leurs homologues masculins se voient systématiquement offrir un maillot, un short et des chaussettes fournis lors de la fameuse coupe de France, les joueuses, elles... n'ont droit qu'à un maillot. Et c'est tout. "Un simple maillot alors que les garçons ont toujours le maillot, le short et les chaussettes fournis", explique à ce titre Manon Eluère, l'un des talents du Cercle Paul-Bert Bréquigny.

Privées de shorts, les sportives ont donc décidé de les ôter pour de bon. "C'est une façon de montrer qu'on est là, qu'on a la légitimité pour se faire entendre !", poursuit encore la joueuse. Un joli tacle décoché aux inégalités sexistes du milieu sportif.

"Nous ne sommes pas peu fières"

Et le mouvement est soutenu par les supporters et supportrices. "Bravo les filles !", "Tellement de retard dans le sport féminin... Pourtant à Rennes et ses alentours beaucoup de personnes mettent toute leur énergie pour le football féminin. Quand on voit les dotations pour les mecs, on rêve", "Vous avez raison d'être culottées ! J'espère surtout que votre revendication ira droit au but", commentent ainsi leurs fans réjouis sur Instagram.

Mais pour Manon Eluère, ce n'est pas là la moindre des injustices. "Les équipes masculines peuvent reprendre les matchs dans trois divisions, nous qu'une seule, alors que notre division 2 est au niveau national, c'est vraiment dommage. Pareil pour la Coupe de France. Les instances disent OK pour les gars, non pour les filles. Quel que soit le contexte, les inégalités restent...", déplore-t-elle. Un sexisme ordinaire systémique dans la sphère sportive.

En attendant, la résonnance médiatique de leur "coup d'éclat" (comme elles l'appellent) motive autant les footballeuses rennaises qu'une victoire au stade. "Ce qui était parti il y a quelques semaines d'une énième discussion entre joueuses sur le sexisme et les inégalités persistantes dans le monde du football se retrouve aujourd'hui dans Ouest France à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes et nous ne sommes pas peu fières de notre coup !", décochent les principales concernées sur Instagram.

Avant de conclure à l'adresse des fidèles du Cercle Paul-Bert Bréquigny : "On vous laisse dévorer l'article en en question et même apprécier les quelques commentaires sexistes ici et là qui illustrent encore tellement bien le chemin qu'il reste à parcourir". CQFD.