François Molins : pourquoi le procureur de la République est devenu la coqueluche d'Internet

Publié le Jeudi 19 Novembre 2015
Ariane Hermelin
Par Ariane Hermelin Journaliste Terrafemina
Journaliste société passée par le documentaire et les débats en ligne sur feu Newsring.fr.
Capture d'écran du point presse de François Molins sur France 2
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Ses apparitions coïncident à chaque fois avec des évènements tragiques, mais François Molins, le procureur de la République de Paris, n'en est pas moins de plus en plus populaire auprès des internautes, qui plébiscitent ses points presse. Décryptage d'un phénomène.
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Depuis le mois de janvier 2015, le procureur de la République a un visage. A peu près inconnu du grand public avant les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, François Molins est en effet devenu la coqueluche des internautes et ses points presse sont attendus fièvreusement sur les réseaux sociaux.

A chaque fois quelque chose de grave arrive, il est là, devant son pupitre. Ses points presse clair et détaillés apportent un éclairage essentiel sur la manière dont se sont déroulées les attaques terroristes ou les assauts policiers. Seule touche de fantaisie, son accent du sud qui confère un peu de chaleur à ses exposés sobres et concis.

Les faits, rien que les faits. Il y a fort à parier que la popularité de François Molins est due en partie au fait que ses interventions, à défaut de signer la fin de la crise, marquent une étape et, surtout, font retomber le soufflé. Quand le procureur de la République parle, on retourne dans le monde rationnel, après avoir erré pendant des heures dans des contrées où règne le flou, l'à-peu-près, la rumeur, bref, le chaos médiatique.

Alors que les chaînes d'information gavent les téléspectateurs de spéculations, le ton dépassionné et sobre de François Molins, à mille lieux de l'hystérie collective à laquelle nous succombons tous à un moment à un autre a en effet de quoi rassurer. Et l'intérêt des internautes pour ses points presse illustre la lassitude de l'opinion publique à l'égard de la course au scoop à laquelle se livrent les médias, et à laquelle ils peinent pourtant à résister, montrant là un comportement aussi schizophrène que naturel en ces jours sombres.

L'engouement que suscite François Molins n'est pas sans évoquer la popularité de Marc Trévidic, ex-juge de l'antiterrorisme, dont les interventions sur les plateaux de télévision sont à chaque fois saluées par les téléspectateurs et relayées sur les réseaux sociaux. Toux deux incarnent une parole spécialiste, intelligente et intelligible, qui se fonde sur des constats, des faits, des chiffres, bref, renvoie au placard les théories fumeuses des différents des trublions médiatiques invités pour polémiquer.

Et puis, on ne peut le nier, François Molins représente à sa manière l'Etat, qui en ces périodes troubles joue le rôle de papa pour une opinion publique traumatisée et en quête de repères. A la différence de Manuel Valls, dont les mises en garde certes compréhensibles dans les médias instillent une angoisse quotidienne, les apparitions du procureur de la République ont quelque chose de presque apaisant. Et, sa popularité, comme celle des policiers français française, en dit long sur notre besoin de nous raccrocher, en ces temps troubles, à des spécialistes de tout ce qui touche à notre sécurité plutôt qu'à nos politiques.