Georgina Chapman raconte sa vie après l'affaire Harvey Weinstein

Publié le Vendredi 11 Mai 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
La créatrice de mode Georgina Chapman aux Oscars en 2017
La créatrice de mode Georgina Chapman aux Oscars en 2017
Dans cette photo : Harvey Weinstein
Elle sera restée dans l'ombre six mois. Georgina Chapman, la bientôt ex-femme du producteur Harvey Weinstein sort de son silence et raconte sa vie d'après.
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Six mois après avoir annoncé sa séparation d'avec Harvey Weinstein, la créatrice de mode de 42 ans Georgina Chapman vient de donner une interview au magazine Vanity Fair. En plein divorce, elle revient sur le cataclysme mondial qu'à provoqué son mari. En octobre dernier, quand sort le premier article sur les viols et les cas harcèlement sexuels dont Harvey Weinstein est l'auteur présumé, le monde de Georgia Chapman s'écroule. Comme si le ciel lui était tombé sur la tête.

Elle raconte : "j'ai perdu presque cinq kilos en cinq jours. Je ne pouvais rien avaler [...] J'avais la tête qui tourne. Et c'était difficile parce que le premier article traitait de faits qui se sont déroulés bien avant que je le rencontre."

Le choc passé, son premier réflexe est de protéger ses deux enfants. "Puis les histoires se sont multipliées et j'ai réalisé que ce n'était pas un incident isolé. Et je savais que j'avais besoin de m'éloigner et de tirer les enfants hors de là". Elle le quitte le 10 octobre après plus de dix ans de mariage.

Elle préfère se retirer et disparaître. "J'étais tellement humilié et brisée....que...je, je, je... ne pensais pas que c'était respectueux de sortir". Les larmes coulent à flots, explique le journaliste Jonathan van Meter, à qui Georgia Chapman accepté de donner l'interview. Elle s'arrête un moment, puis reprend. " J'ai pensé : 'qui suis-je pour m'exhiber avec tout ce qui se passe ?' C'est encore tellement tellement frais " ajoute-t-elle.

La créatrice de mode Georgina Chapman et son mari Harvey Weinstein au dîner de l'amfAR à Antibes en 2016.
La créatrice de mode Georgina Chapman et son mari Harvey Weinstein au dîner de l'amfAR à Antibes en 2016.
Dans cette photo : Harvey Weinstein

"J'ai eu des moments de rage"

Sur sa vie d'avant, Georgia Chapman raconte qu'Harvey Weinstein était un bon père, "un partenaire formidable. Un ami, un confident". Certain·e·s l'ont accusé d'avoir couvert son mari. Elle confie pourtant n'avoir jamais rien su du comportement de son mari, "il y a une partie de moi qui a été terriblement naïve-clairement, tellement naïve. J'ai des moments de rage, j'ai des moments de confusion. J'ai des moments où je ne peux pas y croire ! Et il y a des moments où je pleure juste pour mes enfants. Comment leur vie va-t-elle être ?"

L'interview de Vanity Fair revient avec la créatrice de mode sur sa marque de Marchesa et sur son devenir. Sa marque est boycottée. Son défilé de la collection d 'automne 2018 a été annulé en janvier, "nous sentions que ça n'était pas approprié étant donné la situation." Elle explique : "toutes les femmes qui ont été blessées ont le droit à la dignité et au respect, donc je veux donner le temps au temps. C'est un moment de deuil, vraiment".

Les rumeurs sur l'état de l'entreprise qui fait travailler 80 employés vont bon train. Plus personne ne porte ses robes jusqu'au coup d'éclat de Scarlett Johansson lundi soir dernier au gala du Met (Metropolitan Museum of Art). L'actrice est venue vêtue d'une robe Marchesa en tulle, comme une robe de mariée blanche tachée de sang.

"Je ne veux pas être perçue comme une victime"

Georgia Chapman précise aussi que sa situation est celle d'autres femmes bafouées : "je ne veux pas être perçue comme une victime ; parce que je ne pense pas en être une. Je suis une femme dans une situation de merde, mais je ne suis pas la seule".

En plein divorce elle essaie aujourd'hui de reconstruire sa vie avec ses deux enfants. Elle a pour projet de s'installer dans une ferme dans l'état de New York. Ce projet de "vivre au calme", s'accompagne d'une décision d'e essayer de prendre les choses du bon côté. "Je vis au jour le jour. Est-ce que c'est dur ? Bien sûr. Mais on s'adapte. Est-ce que c'est pour le pire ? Peut-être pas."