Dominique Blanc dénonce l'attitude plus que déplacée de Jean Rochefort lors de leur collaboration d'antan sur le film Je suis le seigneur du château de Régis Wargnier, à la toute fin des années 80. Baiser forcé, déclarations libidineuses, tout y passe. Il est question d'agression sexuelle.
"Il voulait me sauter et il en était fier, c'était un droit de cuissage à ses yeux", fustige la comédienne.
Et elle ajoute : "Sur un tournage, Jean Rochefort la veille d'une scène amoureuse très délicate commande un grand Bordeaux lors d'un déjeuner, il dit qu'il va m'emballer, et je lui fait comprendre au cours de cette conversation que ça n'arrivera pas".
L'immense comédienne détaille. On la lit encore dans les pages de L'humanité, où l'interview en question de l'interprète est à explorer en intégralité : "Quand il comprend qu'il ne va pas m'emballer, Jean Rochefort me dit : Dominique, vous avez le cul de Marlène Dietrich et la gueule de Peter Lorre"
Dominique Blanc ne s'arrête pas là. Elle étoffe encore son témoignage.
Et c'est accablant.
Dominique Blanc explique à L'humanité que ce tournage était traumatisant pour elle car il représente ses premiers pas en tant qu'actrice, pas encore Césarisée et reconnue. Alors que Jean Rochefort lui a fait comprendre qu'il voulait "la sauter", en la saoulant vraisemblablement, il l'aurait embrassée de force durant une scène.
L'actrice le raconte de cette façon avec gravité du côté de L'huma : "La caméra tourne, et là, il enfonce sa langue jusqu'au fond de ma gorge. Je suis encore choquée parce qu'il m'a dit juste avant, je ne bouge pas. Régis Wargnier, le metteur en scène, ne fait rien. C'est l'un de mes premiers rôles, je suis tétanisée. Je dis à Régis Wargnier que s'il recommence encore à m'embrasser de force, je quitte le plateau"
Mona Chollet relaie sur ses réseaux sociaux cette voix qui compte beaucoup. C'est le récit d'une agression sexuelle qui est mis en mots. Dominique Blanc continue ses révélations. A la lire, elle a régulièrement évoqué ces faits lors de conférences, d'avant-premières.
A chaque fois, les spectateurs riaient. Dominique Blanc n'est jamais prise au sérieux. "Si j'en crois ces réactions, c'est normal pour les gens d'agir de cette façon quand on est une jeune comédienne face à un acteur plus âgé, c'est un droit de cuissage. Jean Rochefort voulait me sauter dans un hôtel en Bretagne, il trouvait ça normal"
Dominique Blanc brise le silence dans le but de soutenir toutes celles qui n'osent s'exprimer, ou a l'unisson ne sont pas entendues. Dominique Blanc évoque aussi dans ce témoignage un autre tournage, au sein duquel Claude Nougaro, le célèbre chanteur, aurait souhaité forcer sa porte.
Un témoignage qui s'ajoute à ceux, nombreux et foisonnantes, de la vague #MeToo du cinéma hexagonal. De Adèle Haenel à Judith Godrèche, cinq longues années de voix de femmes de convictions méprisées, silenciées, calomniées et néanmoins libérées.
Elles attisent l'ire des détracteurs et sexistes, à la rhétorique bien connue.
Ce qui compte, c'est qu'elles résonnent.