La ceinture remonte à l’âge de bronze, on la retrouve ensuite dans la Grèce Antique, à Rome, ou dans la Bible. Dans ces temps anciens, on imaginait que l’énergie sexuelle venait des lombes (les reins) et chez les Hébreux, « lumbos proecingere » signifiait renoncer à l’impureté de l’acte sexuel. L’église ne pensait pas mieux en chantant « Ure igne sancti spiritus renes nostros, ut tibiu casto corpore serviantus », plaçant les reins en moteur de la libido.
La ceinture servait ainsi, symboliquement, à cacher les reins.
Elle était aussi, s’agissant des femmes, symbole de leur virginité. La neuvième tache d’Hercule fut d'apporter à Admète (fille d'Eurysthée), la ceinture d'or d'Arès, que portait Hippolyté, reine des Amazones. Séduite par la magnifique musculature d’Hercule, elle lui offrit la ceinture en gage de son amour. Comme dans les mythologies et poésie grecques, dans la Rome ancienne détacher la ceinture d’une femme, signifiait lui faire perdre sa virginité. Obtenir la virginité de la reine des Amazones était le signe d’une force prodigieuse.
Au Moyen Age, la ceinture est toujours signe de respectabilité et les femmes dont la réputation était douteuse avaient l’interdiction d’en porter. Pendant plusieurs siècles, le soir des noces l’époux faisait tomber la ceinture de l’épousée et abandonnait ainsi un instant l’allégorie d’une séparation entre le haut du corps, qui serait pur, et le bas du corps qui serait, lui, impur.
La médecine a longtemps calmé les ardeurs des uns par des décoctions glacées sur les reins, et réveillé les ardeurs des autres par des onctions qui venaient les chauffer.
Si la ceinture n’oblige plus à l’abstinence de nos jours, il n’en demeure pas moins que les ceintures larges portées sur les hanches dans les années 70 accompagnaient un mouvement d’ouverture de nos mœurs, et que les ceintures qui étranglent la taille ou serrent à outrance le pantalon sont la marque d’une forme de retour à une forme de chasteté.
Le langage populaire l’a bien compris : les expressions populaires comme « se serrer la ceinture », « en dessous de la ceinture » continuent de dire que nos pensées ne sont pas toujours en phase avec nos désirs libidinaux, et que se serrer la bourse (où l’on rangeait autrefois son argent et qui est l’autre nom des testicules) continuent de prouver que sexe et argent forment un couple solide, inébranlable. Quand l’un coule à flot, nos mœurs tolèrent mieux l’autre. En ces temps incertains, peut-être faudrait-il essayer, par un stratagème inverse, de remettre le plaisir de la sexualité au centre de nos intérêts, pour que les problématiques économiques s’estompent.
Reste également la possibilité, plus facile à mettre en œuvre, de se dispenser de l’achat de toute ceinture…
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