Actrice "iconique" plusieurs fois condamnée pour injures raciales, Brigitte Bardot s'exprimait sur son rapport ambiguë au féminisme dans cette interview précieuse. Et forcément plutôt controversée.
C'est un échange intéressant que nous propose la chaîne Youtube de l'INA, un débat sur le féminisme au tout début des années 70, sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach. On y voit la star de Barbarella et Le Mépris, qui vient de nous quitter ce 28 décembre 2025, ouvrir la voix concernant ses convictions féministes, ou plutôt sa grande réticence envers la révolution féministe.
Considérée comme une figure importante de la fameuse et tant idéalisée "libération sexuelle" (un mythe qui a surtout joué en faveur des hommes), l'interprète a beaucoup compté pour l'émancipation au féminin, avant de se dédier aux droits des animaux.
Mais face caméra, elle tient des propos plus complexes, si l'on peut dire, tant ils ruissellent d'un état d'esprit très "tradi" et bien moins progressiste que ce que "BB" a pu incarner dans l'imaginaire populaire. Et ambivalents.
On l'écoute ?
C'est une interview forcément très d'époque à retrouver ici, datant précisément de 1973. On se rappelle de ce à quoi a dû se confronter "BB", autrement dit le paternalisme des journalistes.
Ainsi d'aucuns s'étonnaient de l'intelligence et de la clairvoyance de l'artiste, qui obsédait surtout ces messieurs pour son image sulfureuse et hyper sexuelle. Et oui, elle était intelligence aussi, BB, et fière de revendiquer ses convictions. Sans propos racistes durant cet échange.
Cela étant, ce qu'elle exprime témoigne d'une certaine ambivalence si ce n'est d'une réflexion très caricaturale, d'un autre temps, alors que ce ne sont pas des hommes, mais des femmes, qui lui tendent le micro, et l'incitent à développer son rapport au féminisme : "Je crois qu'à trop vouloir se libérer, les femmes vont devenir de plus en plus malheureuses", y dit-elle. "Car une femme n'est pas faite pour vivre la vie d'un homme. La société dans laquelle nous vivons actuellement est complètement déséquilibrée. Les femmes veulent avoir la même vie que les hommes et les hommes s'occuper des enfants à la maison"
"Cela donne forcément un déséquilibre car une femme n'est pas faite pour ça. On ne peut pas vivre comme un homme. Moi je suis l'image-même d'une femme, je ne suis pas une Suffragette, je suis faible, vulnérable, je ne suis pas un homme". Comprendre, les féministes sont des hommes, ce ne sont pas des femmes. Et quand l'une de ses interlocutrices lui dit qu'elle vit comme un homme, riche, libre, elle réfute ces assertions et célèbre sa "féminité".
"Les hommes sont les hommes. Les femmes doivent être douces. La femme doit donner l'ambiance d'une maison, de la chaleur d'une maison, c'est la beauté, c'est la douceur. Elle va perdre ses vertus féminines en allant travailler"
Vouloir les mêmes droits que les hommes, c'est être un homme ? Compliqué de voir dans cette conversation en quoi le point de vue de Brigitte Bardot faisait bouger les lignes. Il faut certainement en revenir aux sixties, plutôt qu'aux années 70, pour le comprendre. Car par la suite, ce que détaille l'actrice est du même tonneau.
Brigitte Bardot explique effectivement qu'elle passe ses journées à s'occuper de sa maison et à vouloir rendre "son logis le plus joli possible". On est quand même loin d'un symbole révolutionnaire face à ce manifeste qui annonce la mode des tradwives. Elle craint que se battre pour l'égalité des sexes (la définition-même du féminisme) ne fasse du mal aux femmes en les masculinisant. Et à l'inverse, que les hommes qui s'occupent de leur enfant au sein du foyer ne se féminisent.
C'était vraiment mieux avant ?