Adèle Haenel n'a pas pris sa retraite.
Et ce malgré son souhait affirmé (dans Télérama et la presse anglophone) de ne plus contribuer au septième art. La trentenaire est ressortie victorieuse l'an dernier du procès qui l'oppose au cinéaste Christophe Ruggia. Une lutte juridique qui a ravivé, également, son envergure de porte parole du mouvement #MeToo en France, et plus précisément, des luttes féministes au sein du cinéma français. Depuis Adèle Haenel, bien des comédiennes se sont effectivement exprimées.
Des victimes présumées de Gérard Depardieu à Judith Godrèche, en passant par Anna Mouglalis, ou encore Anouk Grinberg, les actrices ont pris la suite de la "Jeune fille en feu" magnifiquée par Céline Sciamma. Modèle féministe, donc, role model lesbien également, au sein d'une scène artistique très frileuse dès qu'il s'agit d'évoquer les femmes qui aiment les femmes.
Et de cela, il est précisément question, dans le nouveau grand projet d'Adèle Haenel. Une création qui va la mettre au premier plan, enfin. Alors que la jeune actrice s'épanouit sous le regard de Gisèle Vienne, metteuse en scène de théâtre très engagée, elle a décidé de se faire entendre sur les planches à travers une oeuvre fondamentale : "Voir clair avec Monique Wittig".
Soit un florilège, incarné, interprété, des textes de Monique Wittig, donc, autrement dit, l'une des essayistes, intellectuelles, théoriciennes et autrices, les plus importantes de l'histoire des féminismes hexagonaux. Autrement dit, Adèle Haenel va incarner cette légende en son domaine.
Et ce n'est pas tout...
Vous avez dit "iconique" ?
C'est effectivement ce qu'est Monique Wittig. Adèle Haenel va donc lui prêter sa voix, ses traits...
"Figure majeure du Mouvement de Libération des Femmes (MLF), du lesbianisme radical, et pionnière des études de genre. Monique Wittig éclaire avec tout autant de pertinence nos luttes actuelles : ses mots redonnent un sens à l’universel, libèrent le langage, inventent des futurs vivables pour toustes.", rappelle le Festival Automne dans un descriptif très détaillé de l'événement, et de l'emblème féministe auquel il sera rendu hommage.
Un hommage ou femmage qui promet d'être viscéral.
C'est en octobre 2025, plus précisément au théâtre des Bouffes du Nord, dans le 10ᵉ arrondissement de Paris, que prendra place sa performance. Adèle Haenel envisage donc clairement le théâtre comme un nouveau champ au sein duquel elle peut s'exprimer plus librement, en cohésion avec ses profondes convictions intimes et politiques.
Et incarner Monique Wittig, figure du proue du "lesbiannisme politique", coule de source. En 2023, sur Terrafemina, l'on écrivait ainsi ceci : "On ne cessera jamais de rappeler à quel point les femmes lesbiennes furent importantes dans l'Histoire des luttes, au sein du Mouvement de libération des femmes (MLF) par exemple. Autrices, artistes, essayistes... L'on pourrait citer tant de noms qui comptent : Monique Wittig, Audre Lorde, Valerie Solanas, bell hooks..."
Dans cette représentation, Adèle Haenel emmène le duo musical DameChevaliers, soit l'entité qu'elle forme avec sa consoeur Caro Geryl. On a très hâte de voir cela. Sur les réseaux sociaux, de très nombreuses internautes expriment leur enthousiasme. Et en toute sororité, saluent l'investissement toujours aussi intense d'Adèle Haenel, au sein d'un panorama qui a toujours peur du mot "féminisme".