





"Il m'oblige à rentrer ce soir-là..."
Reine du trash lors de ses spectacles de stand up où elle envoie valser les bienséances, elle n'a que trop rarement abordé un sujet délicat, qui la concerne directement. Laura Laune, lauréate de la France a un incroyable talent, humoriste irrévérencieuse, est revenue sur ce fléau qui touche trop de femmes : les violences conjugales. Qu'elle ne connaît que trop...
C'est dans l'émission C à vous, le fameux talk show de la 5, que Laura Laune décide effectivement de briser le silence. Elle évoque les dessous de sa vie d'antan en compagnie de "Babeth" Lemoine.
Elle raconte : "Je gagne l'émission La France a un incroyable talent il y a quelques années. Mon ex conjoint est dans les coulisses. Il est là, et me dit qu’il faut qu’on rentre...”
Laura Laune de poursuivre sur un ton grave : "ce soir-là, alors que je triomphe, il me dit qu’il est tard. Tout le monde me demande pourquoi je ne reste pas pour fêter ma victoire. Sur le moment, on ne se dit pas que ce n’est pas normal... Le soir de ma victoire, il m’a dit qu’il fallait rentrer"
Ce que dès lors aborder l'humoriste, saluée pour sa liberté d'écriture et ses performances irrésistibles sur scène, c'est un phénomène malheureusement trop connu de bien des Françaises : l'emprise...
On l'écoute encore sur le plateau de France 5 : "Pourquoi avoir décidé d’en parler dans mon stand up ? Est-ce pour libérer une parole ? Pas pour se sentir mieux en tout cas. On m’a souvent demandé si c’était une thérapie. Et je dis toujours non, parce qu’à la fin d’une thérapie, normalement, on se sent mieux. J’en parle tous les soirs dans mon spectacle, et ça ne fait pas forcément me sentir mieux..."
Elle poursuit : "Mais moi, au moment où je vivais ça, ce sont les témoignages d’autres personnes qui m’ont aidée à comprendre ce que j’étais en train de vivre, à mettre les mots et à m’en sortir... Pas mal de femmes viennent me voir à la fin de mon spectacle et me disent qu’elles ont vécu la même chose".
Les victimes de violences conjugales sont trop souvent incomprises.
Victimes de violences, mais aussi de préjugés, d'incompréhension, de stigmatisation. C'est d'ailleurs ce que démontre, avec son enquête "Madame, il fallait partir", l'avocate Céline Marcovici, qui explique à Terrafemina : "La réalité qu'il faut aussi changer, c'est celle des mentalités. Le titre de mon livre résume bien le type de raisonnements que l'on peut entendre de la part des professionnels : "Mais madame, il fallait partir". De même, lors des audiences, il arrive que des juges aux affaires familiales demandent aux victimes "pourquoi elles n'ont pas déposé plainte plus tôt".
Idem lorsque les violences conjugales sont simplement perçues comme "des disputes de couples". Ce n'est plus possible d'en parler comme ça et d'employer ce genre de raccourcis insupportables. Aujourd'hui, il existe un diplôme d'université officiel de formation au traitement des violences faites aux femmes, délivré à Paris VIII, mais l'initiative est très récente. Elle démontre que la prise de conscience globale est tardive.
Comme si, puisqu'elles se produisent dans l'intimité des foyers, ces violences devaient rester tabous"