Le 1er juin 2022, le verdict de l'hyper médiatisé procès opposant Amber Heard et Johnny Depp a condamné ces deux stars (et pas seulement Amber Heard) pour diffamation. Obligeant notamment Johnny Depp à verser 2 millions de dollars de "réparations" à son ex compagne. Ce procès, qui n'est pas qu'une affaire people, a trait aux violences conjugales, physiques, psychologiques. Il est d'ailleurs utile de rappeler que deux ans plus tôt, Johnny Depp avait d'ailleurs été déclaré coupable de violences conjugales par le tribunal de Londres.
Il a clivé le web, ce procès Depp/Heard, d'aucuns prenant la défense de Johnny Depp... Allant jusqu'à organiser des raids à l'encontre de Amber Heard afin de l'insulter en ligne, de la tourner en ridicule ou de la menacer. Une virulence indéniablement misogyne qui a pris tant d'ampleur qu'un an plus tard, plus de 130 personnalités apportaient leur signature à une lettre ouverte défendant l'actrice et, surtout, dénonçant le cyberharcèlement dont elle a pu être victime sur les réseaux - de la part des hommes, et des femmes.
Mais Johnny Depp n'emploie pas les mots "violences conjugales" ou de "harcèlement", ni de "misogynie" quand il aborde l'affaire aujourd'hui. Il en préfère un autre, employé pour qualifier, au choix, les séries Amour, Gloire et Beauté, Le Destin de Lisa, Les feux de l'amour ou Des jours et des vies... Celui de "soap opera". Autrement dit ? Un feuilleton télévisé interminable, rocambolesque et niais.
"Chaque personnage a sa propre histoire, et nous pouvons dire que j'ai moi-même vécu un certain nombre de choses ici et là", a-t-il ainsi déclaré à la conférence de presse du festival de cinéma de Saint-Sébastian, où il est venu présenter son nouveau film, Modi – Three Days on the Wings of Madness, dédié à l'artiste italien Amedeo Modigliani. Avant de préciser : "Peut-être que votre histoire par contre n'est pas devenue un soap opera. Je veux dire, littéralement, un vrai feuilleton télévisé !".
Une remarque qui dans l'assistance a suscité... Des rires francs. Malaise.
Curieuse réaction que l'hilarité face à ce que le Hollywood Reporter qualifie, euphémisme, de "figure controversée à Hollywood". Surtout quand l'on sait le cyberharcèlement dont Amber Heard a été la victime avant ce long procès, mais d'autant plus pendant, et après, largement alimenté par les influenceurs masculinistes sur les réseaux sociaux. Haine toujours vivace : il y a quelques mois, le site US Ranker partageait un sondage désignant l'actrice comme... la "personnalité la plus détestée au monde". Rien que ça, oui.
Ce qui avait engendré en retour un mouvement de soutien en ligne, auréolé du tag "I Stand With Amber" ("Je soutiens Amber"). Pas un mot n'a été exprimé en ce sens par le comédien, qui privilégie l'expression de "feuilleton" futile. Un "soap opera" ? Les internautes ont justement réagi à cette appellation étrange qui tend à minimiser les faits.
Florilège : "C'est Johnny Depp qui voulait que ce soit télévisé. Il a mangé des bonbons et plaisanté pendant un procès où il était censé faire face à son « agresseuse ». Il a organisé deux procès. C'est un « feuilleton » à cause de LUI !", "Il en a fait un feuilleton. Enlevez ce sexagénaire violent de mon écran !", "C'est devenu exactement ce qu'il voulait. J'en ai tellement marre de cet homme.", "Je suis content que cette histoire le hante encore", "C'est lui qui a transformé ça en feuilleton".
Des commentaires qui ne manquent pas de virulence mais témoignent surtout d'une indignation certaine face aux euphémismes de la star. Et aux rires de l'assistance, à Saint Sebastian... De quoi éclipser quelque peu le film de Johnny Depp où se côtoient Riccardo Scamarcio et Al Pacino.