La députée Mathilde Panot traitée de "poissonnière" : l'insulte sexiste qui ne passe pas

Publié le Vendredi 05 Février 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Mathilde Panot lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale à Paris le 8 décembre 2020
Mathilde Panot lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale à Paris le 8 décembre 2020
"Poissonnière", "folle"... Aujourd'hui, la députée de La France Insoumise Mathilde Panot épingle les insultes décochées à son encontre au sein de l'Assemblée nationale. Un exemple de plus du sexisme ordinaire dont sont victimes les femmes en politique.
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"La folle". "La poissonnière". Aujourd'hui, ce sont ces noms d'oiseaux sexistes que la députée de La France insoumise (FI) Mathilde Panot fustige. Des insultes que lui aurait décoché en plein hémicycle Pierre Henriet, un député de La République en marche (LREM). Ou quand le sexisme ordinaire envahit l'Assemblée nationale.

"Folle, poissonnière ... On n'entend rien ? Vraiment ? Pour moi et pour toutes les autres, victimes du sexisme crasse de certains, je vous le dis : je ne laisserai pas passer. J'attends une réaction immédiate du Président de l'Assemblée nationale", a réagi la députée sur son compte Twitter, vidéo en avant et hashtag éloquent à l'appui : #StopSexisme. Un appel à libérer la parole largement soutenu par ses plus de 46 000 followers.

"Notez que lors de la Révolution française, on traitait déjà les femmes qui défendaient le peuple de poissonnières !", ironise encore la politicienne sur ses réseaux sociaux. La scène, qui s'est déroulée le 3 février dernier, suscite encore l'indignation de Mathilde Panot. "Si elle se sent à tort insultée, je la prie de bien vouloir m'excuser", aurait simplement rétorqué Pierre Henriet. Insuffisant, insiste la députée.

"Soutien absolu à Mathilde Panot et à toutes les poissonnières qui font un dur métier. Sexisme et mépris de classe n'ont pas leur place au Parlement", a réagi la sénatrice de l'Oise et ancienne ministre des droits des femmes Laurence Rossignol.

Un sexisme trop ordinaire

"Comme excuses, on fait mieux. Des excuses convenables, ce serait plutôt de dire 'oui effectivement, j'ai crié une insulte sexiste, ce n'est pas acceptable'. L'idée, c'est d'envoyer un signal à toutes les femmes que finalement, elles n'ont pas leur place dans la politique", poursuit-elle au micro de BFM TV. Avant de conclure : "Je crois qu'il est important de ne pas laisser passer, pour ces millions de femmes dans le pays à qui ça arrive tout le temps. Je demande que M. Henriet soit sanctionné comme le prévoit le règlement de l'Assemblée nationale".

"Je ne laisserai pas passer", affirme encore la députée du Val-de-Marne. Ce que fustige l'élue, par-delà son cas individuel, est l'impunité d'un sexisme ordinaire largement banalisé au sein de la sphère politique, dans les rangs de l'Assemblée nationale et ailleurs.

Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand s'est saisi de l'affaire ce jeudi (4 février) et son cabinet a ainsi réagi : "Le président de l'Assemblée nationale condamne fermement les propos tenus en séance publique à l'encontre de la députée Mathilde Panot. Le sexisme n'a pas sa place dans notre société, encore moins dans l'expression d'un élu de la République, au sein même de l'hémicycle. Décidé à ne rien laisser passer, le président de l'Assemblée nationale évoquera ce sujet lors de la prochaine conférence des présidents qui se tiendra mardi 9 février."

Ce n'est pas la première fois que le sexisme s'invite à l'Assemblée nationale. Il y a deux ans déjà, un édifiant rapport du collectif Chair collaboratrice révélait qu'une femme sur cinq aurait été victime d'une agression dans le cadre de son travail parlementaire, sans compter les comportements sexistes, des injures diverses aux "attitudes gênantes". Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes.