"I Play the Kora", l'hymne féministe des Amazones d'Afrique

Publié le Lundi 28 Juin 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Les Amazones d'Afrique interprètent "Amazones Power". (YouTube - Real World Records)
Les Amazones d'Afrique interprètent "Amazones Power". (YouTube - Real World Records)
Le coeur du féminisme palpite bel et bien en Afrique. La preuve avec un hymne fédérateur qui fait grincer des dents les machistes : "I Play the Kora". Pour l'interpréter, l'excellent collectif musical (et militant) Les Amazones d'Afrique.
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"I Play the Kora". C'est le titre de l'une des chansons engagées du collectif musical Les Amazones d'Afrique. Pour rappel, la kora est un instrument à cordes de forme allongée, originaire du Mali. En Afrique, jouer de cette harpe a été refusé aux femmes pendant des années.

D'où la portée révolutionnaire de ce morceau particulièrement empouvoirant, qui appelle à "se lever et combattre l'injustice parce que nous sommes tous égaux".

Le pouvoir est justement au coeur du projet Amazones d'Afrique. La preuve ? Trois ans après la sortie de leur premier opus République Amazone, ce supergroupe originaire du Mali a sorti un nouvel album en 2020, au nom évocateur : Amazones Power. Ses instigatrices Mamani Keïta, Oumou Sangaré et Mariam Doumbia revendiquent depuis sept ans une approche féministe de la création musicale.

De nombreuses autres artistes (dont Angélique Kidjo) les accompagnent dans ce projet et sur scène. Des concerts éclectiques, puisque la musique malienne traditionnelle y côtoie le hip hop et même, des vibes ouvertement électro. Une proposition audacieuse qui fait sensation.

Un album féministe

D'autant plus que I Play the Kora est, on l'a deviné, bien plus qu'une chanson. "Je ne veux pas être l'ombre de quelqu'un d'autre / Ne ris pas et ne te moque pas de moi / Quand je dis que je veux être Présidente de la République / Femme, réveille-toi !", y entend-t-on notamment. La chanteuse Fafa Ruffino, membre du collectif, voit là une chanson révolutionnaire, "une chanson Che Guevara", commente-t-elle à TV5 Monde.

Une rengaine en cohésion avec un nouvel album qui revendique toute une lutte "pour la justice et contre la loi du silence en Afrique et ailleurs" en abordant notamment au gré des paroles et sonorités plurielles "la misogynie et la violence, le mariage forcé et l'excision", comme le note Fip. Une musique profondément politique donc, menée par des musiciennes maliennes, mais aussi ivoiriennes et camerounaises. Et qui sait toucher son public.

Sur YouTube, les réactions à I Play the Kora sont unanimes. "Ça fait longtemps qu'une chanson ne m'a pas autant touché et parlé", "Des vibrations puissantes", "Incroyable !", commentent en choeur les internautes, au sujet de ce groupe qui s'est récemment produit au Festival Rio Loco de Toulouse, événement dédié aux musiques du monde. On approuve cet enthousiasme.