Ne vous faites plus avoir par le healthwashing

Publié le Mercredi 09 Mai 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Les yaourts, source inépuisable d'allégations santé
Les yaourts, source inépuisable d'allégations santé
Après le "féminisme washing" et le "greenwashing", voici le "healthwashing". Ce type de marketing veut vous vendre des produits soit disant bon pour la santé. Mais qu'est-ce qui se cache vraiment derrière ces affirmations ?

Des enfants qui courent pour attraper une belle tartine de Nutella pour leur goûter après l'école. L'image nous attendrit. Le message subliminal, c'est que la pâte à tartiner est bonne pour eux. Il y aurait aussi dans un kinder autant de lait que dans un verre de lait et les céréales du matin aideraient nos enfants à grandir. Oups, ces produits sont bourrés d'huile (de palme) et de sucre. On s'est bien laissés avoir par le marketing. Ces trois exemples sont typiques du healthwashing. Omniprésent, il est une réponse des industriels aux scandales alimentaires mais aussi à une volonté des consommateurs de mieux manger et de mieux consommer.

Prenons par exemple les gammes de jus de fruit. Non, boire du jus de fruit n'est pas si bon pour la santé et il sera toujours préférable de manger un fruit entier. Un verre de jus de raisin est plus sucré qu'un coca par exemple. Des marques comme Tropicana ou Danao ont sorti des jus de fruits aux céréales.

Tropicana nous envoie de la belle étiquette en papier recyclé. Riche en vitamines oui... mais aussi en sucres ! Pour un verre de 20cl, c'est en réalité 30g de cet or blanc que vous vous enfilez. Soit cinq beaux morceaux de sucre dans un seul verre. Presque autant qu'un verre de coca. Pour rappel, l'Organisation mondiale de la santé recommande 25g de sucre par jour, soit 4 morceaux.

Le sucre en mode incognito

L'emballage ne doit pas vous méprendre. Les photos de fruits sur les paquets par exemple. Si on prend le cas des yaourts de Yoplait, on compte trois morceaux de sucre pour un seul pot. Des produits bio peuvent être packagés dans des cartons verts mais contenir de l'huile de palme. Les Spécial K, emballées dans de belles boîtes où figurent des brins de céréales, sont aussi sucrées que des céréales classiques.


Ah les céréales ! On vous en promet des complètes partout. Les barres de céréales qu'on nous présentent parfois comme l'en-cas parfait sont pour beaucoup très sucrées. Sur le même principe on en retrouve dans les gâteaux de petits déjeuner ou dans du pain de mie complet.

Le sucre est souvent le principal agent secret qui tente de se faufiler sous les belles appellations. Et si vous regardez bien, il y a même du sucre dans certaines salades industrielles prête à manger ou dans des sauces pesto bio. De même, 0 % de matière grasse ne veut pas dire 0 calories !

Première chose à regarder sur une étiquette : la teneur en sucre
Première chose à regarder sur une étiquette : la teneur en sucre

Les "yaourts santé" aux bienfaits pas évidents

Les mentions "sans colorant, sans conservateur et sans arômes artificiels" ou l'ajout de vitamines, de fer ou de magnesium peuvent cacher un haut taux de glucides. Et si une recette se réclame sans sucre, vérifiez bien qu'elle ne contienne pas d'ersatz. Les édulcorants sont soupçonnés de favoriser le diabète de type 2.

Plus on vous en met plein la vue avec des allégations, plus il faut se méfier. Les "yaourts santé" sont même devenus une rubrique à part entière sur les sites marchands. Il n'est pas par exemple prouvé que se gaver de yaourt riche en calcium et en vitamine D va vous aider à renforcer vos os et, par extension, prévenir votre corps de l'ostéoporose.

L'action des probiotiques présents dans certaines gammes n'est pas non plus prouvée. C'est ce que rappelle une étude suisse. Depuis 2007, l'union européenne encadre les allégations santé. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) l'explique sur son site : "toutes les allégations de santé concernant les micro-organismes (comme les "probiotiques") ont été rejetées et la plupart des allégations de santé portant sur les propriétés antioxydants de substances ou de denrées alimentaires ont également été rejetées". Les margarines censées lutter contre le cholestérol n'ont pas non plus fait leurs preuves selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire.


Quand on essaie de vous vendre un produit alimentaire avec un halo scientifique, posez vous des questions. Il en va de même pour les cosmétiques, secteur où les marques nous bombardent de termes compliqués pour nous impressionner. La toute simple mention "testé dermatologiquement" par exemple veut simplement dire que le produit a été testé sur la peau... démarche systématique avant la mise sur le marché. Donc, mettre un beau macaron sur son produit n'engage à rien et n'est pas obligatoire mais fournit juste une caution scientifique.

La caution sportive

La mention "recette traditionnelle" ne veut pas dire grand chose non plus. Vous pourrez ainsi trouver en rayon de la charcuterie traditionnelle avec du sucre et des nitrites ou des gaufres du nord à l'huile de palme. Mamie m'avait bien caché son ingrédient secret !


Dans le healthwashing, il y a également le fait d'associer le nom de sa marque avec le sport ou des sportifs. McDonald's, avec son beau logo anciennement rouge et jaune devenu vert et jaune, mais aussi Coca Cola sont partenaires des jeux olympiques. Quick s'associe au basketteur Tony Parker pour vendre des hamburgers.

Conclusion : méfiez-vous des belles étiquettes vertes ou qui mettent en avant des recettes vegan, sans-gluten ou naturelles. Votre premier réflexe quand vous faites vos courses doit être de bien regarder les tableaux nutritionnels et les ingrédients. Et votre meilleure arme reste le fait maison. Car au moins, vous savez ce qu'il y a dans votre assiette.