





Marion Bartoli brise le silence.
La tenniswoman aguerrie dénonce le sexisme dont elle a été victime et à travers lui les très nombreuses remarques sur son changement de poids véhiculées sur la scène sportive. Une source affligeante de remarques grossophobes à l'archaïsme assumé. De quoi bousculer le domaine du tennis hexagonal alors qu'un nouveau chapitre s'écrit pour Roland Garros.
"On dirait un éléphant", "Elle a grossi"...
Face caméra, la sportive et athlète révèle ce qu'elle a observé à son encontre sur les terrains entre deux sets et revers fulgurants. Et cela en dit sur la normalisation inquiétante du body shaming dans notre société. Vous savez, cette systématique considération critique du corps des femmes, de leur silhouette, de leur apparence et de leur poids...
La tenniswoman tire la sonnette d'alarme.
Et s'attriste des commentaires qui ont été émis entre deux vestiaires, sur une scène sportive jamais exempte des discriminations que l'on observe dans la vie quotidienne... C'est l'inverse, ces remarques s'exacerbant volontiers dans un univers sacralisant la condition physique : "À Roland-Garros, j'entendais : 'T'as vu, Marion, le poids qu’elle a pris ? Elle est obèse, on dirait un éléphant'"
Et l'athlète de témoigner avec éloquence et tristesse de la spirale infernale qui va engendrer dépression, anxiété, et fatalement, troubles du comportement alimentaire : "Les remarques commencent rapidement à arriver sur mon poids, ma silhouette, lorsque je commence à gagner des kilos..."
"J'ai été complètement obsédée par le nombre de calories que je mangeais dans une journée. Il fallait absolument que je fasse du sport quoi qu'il arrive tous les jours, et c'était une fuite en avant"
A l'arrivée ? L'anorexie. Cela, et d'insoutenables complications ayant trait à la santé mentale. Estime de soi, confiance, relation avec son miroir, attitude anormale envers la nourriture... A deux doigts de sombrer dans la dysmorphophobie corporelle.
La reine de la raquette fustige : "Oui, la course à être de plus en plus mince et de manger de moins en moins, c'était ça... et de dépenser plus en plus de calories et d'en manger de moins en moins... L'anorexie m'a effectivement rongée longtemps, ça devient tellement obsessionnel cette relation à la nourriture que votre vie n'est régulée que par ça… Vous faites un pas de plus tous les jours vers la mort en fait"
Un témoignage dévastateur.