Sous le parasol, le sexisme ?
A quelques jours de la journée mondiale du topless, et alors que la rentrée approche elle aussi à grands pas, l'Ifop nous l'apprend : 90% des 18-24 ans ne bronzent jamais topless sur la plage.
Le résultat cinglant d'une enquête à consulter intégralement sur cette page, commandée par le site VoyageAvecNous.fr et l’organisme de d’enquêtes statistiques FLASHS. Une recherche qui prend en compte l'expérience de de pas moins de 1 075 femmes.
Aujourd’hui, on remet le haut ! Et si le sujet semble anodin, les raisons qui expliquent ce boycott ne le sont pas du tout. Loin de là même.
Car si ce sont surtout toutes les estivantes qui ont connu l’émergence du topless au tournant des années 70, qui "sont aujourd’hui les plus nombreuses à le pratiquer", comme le relate cette étude - 32% des femmes de plus de 65 ans - cet énorme écart chiffré ne se décrypte pas simplement par l'angle du phénomène générationnel...
Alors qu'il y a trois ans une autre étude Ifop nous apprenait que 19 % de femmes osaient tomber le haut, sur 1 500 femmes interrogées, force est de constater que ce chiffre chute d'année en année. Pourquoi ? Car le topless est perçu... Comme un risque !
Boycotter le topless ne naît pas de rien.
Pêle-mêle : remarques bien déplacées, regards insistants, dragues lourdes, et tout simplement, crainte de harcèlement sexuel. Mais pas seulement ! "Les photos volées angoissent également les plus jeunes. À l’heure où le smartphone est omniprésent dans notre vie quotidienne, 36% craignent la diffusion de photos sur les réseaux sociaux", observe l'enquête d'IPSOS, basée sur un questionnaire détaillé.
Et parmi les sondées, 35% déclarent redouter ouvertement le regard des hommes, alors que 31% ont peur d'agressions - verbales, physiques, sexuelles. En fait, ce sont carrément 54% des femmes de moins de 30 ans qui déclarent avant tout redouter, bien plus que le risque de cette pratique sur la peau et la santé, "le regard concupiscent des hommes".
Des observations ombrageuses qui se perpétuent au fil des vacances. Tant et si bien que certaines villes et plages sont déjà passées à l'action de ce côté-là. A Marseille par exemple, la mairie a décidé il y a deux ans de développer une application, Safer Plage, qui permet d'interagir avec le poste de secours en cas de harcèlement. Une app aussi bien destinée aux victimes qu'aux témoins. Et dont le but, par-delà son haut degré de sensibilisation aux violences, est de "dissuader le harceleur".
En 2021 déjà, Louise Jussian, chargée d'études du pole "Genre, sexualités et santé sexuelle", nous l'expliquait : "L'objectification des corps et l'expression à outrance de la masculinité sur l'espace plage conduit les femmes à se positionner dans une forme d'autocontrainte et à adopter des stratégies de couvrement et de renoncement à certaines activités sociales. Les femmes ne vivent aussi librement la plage que les hommes !"
Ce nouveau rapport ne dit pas autre chose, avec une telle affirmation : "La plage est le terrain propice aux harceleurs et agresseurs. Les femmes bronzant seins nus sont particulièrement concernées. 64% d'entre elles disent avoir été harcelées et 44% agressées sexuellement sur la plage. 65% des femmes de moins de 30 ans interrogées ont déjà subi des pressions ou du harcèlement à caractère sexuel"
Autant de données qui exigent d'agir et le rappellent avec fracas : oui oui, il y a bien plus important, et urgent, que le summer body...