Comment l'industrie musicale casse ses stars féminines ?
Gloria Gaynor brise le silence dans un documentaire événement à retrouver sur Canal Plus.
La chaîne cryptée valorise son témoignage, dédié à la manière dont la sphère musicale, et notamment son ex mari, lequel gérait toute sa carrière , ont fait d'elle une femme victime d'emprise, instrumentalisée, source de manipulation, modelée trop longtemps "comme une marionnette" à qui tout libre arbitre était refusé. Il a fallu des années pour que la chanteuse réussisse à retrouver son souffle au delà de ceux qui tirent les ficelles.
Et cela a engendré une fatigue phénoménale. A un niveau tel que la mythique interprète de I Will Survive, chant de la liberté s'il en est, en a égaré tout amour propre. Oui, alors que la gloire était venue auréoler sa trajectoire artistique étincelante, l'érigeant en symbole féministe. Ce qu'énonce l'artiste, c'est la sensation d'être tout à fait chosifiée. Comme au sein d'une relation toxique.
La voilà dès lors qui fustige, la voix grave, face aux caméras : "Quand quelqu'un se met à contrôler votre existence, très vite, nous n'avez plus confiance en vous. Vous vous laissez faire... Vous vous étiolez"
Elle étaye sa réflexion douloureuse...
Gloria Gaynor dénonce encore : "On devient facilement l'objet d'un individu dans cette industrie. Ca m'est arrivée. Très vite, je me suis rendue compte que j'étais épuisée".
Cela fait écho à de nombreux témoignages beaucoup plus contemporains.
On a à l'esprit celui de Flore Benguigui, l'ancienne voix de L'impératrice. Qui avait également dénoncé la façon dont l'industrie musicale étend son emprise sur les femmes.
On ravive ses mots : "Le leader de L'Impératrice par exemple m'a dit qu'il y avait toujours besoin, selon lui, d'une tension sexuelle entre les chanteuses et leurs producteurs / musiciens.... Et le leader d'un ancien groupe m'avait aussi viré en me disant "Je m'en fiche de comment tu chantes, tout ce qui m'intéresse c'est que tout le monde ait envie de te b*ser"..."
"Toutes les femmes de cette industrie sont considérées remplaçables et interchangeables, il n'y a qu'à voir la façon dont j'ai été remplacée en quelques semaines - par la chanteuse Louve, ndlr - pour chanter les chansons et les mélodies que j'ai écrites"
Le cas Gaynor évoque d'autres éléments accablants au sein d'un système qui n'évolue guère.
"Soirées privées, emprise et exploitation, en plein procès P. Diddy, l’histoire de Gloria Gaynor nous rappelle que la domination masculine dans l’industrie musicale ne date pas d’hier", énonce la chaîne cryptée en guise de descriptif... Et de mise en lumière d'un mouvement d'indignation face à une loi du silence qui n'a que trop duré.