"J'ai 13 ans. J'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ?"

Publié le Mardi 26 Janvier 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"J'ai 13 ans. J'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ?" : la comédienne et réalisatrice Andréa Bescond libère la parole sur les réseaux sociaux.
"J'ai 13 ans. J'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ?" : la comédienne et réalisatrice Andréa Bescond libère la parole sur les réseaux sociaux.
"J'ai 13 ans. Est-ce que j'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ?". Sur les réseaux sociaux, nombreuses sont les voix anonymes et les personnalités à libérer la parole pour dénoncer les agissements pédocriminels. Mais aussi à appeler à changer l'âge du consentement actuellement fixé à 13 ans.
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#Avant15anscestnon. C'est sous ce mot-clé que bien des anonymes et personnalités se mobilisent sur les réseaux sociaux. L'idée ? A la suite du mouvement massif de libération de la parole #MeTooInceste, elles et ils exigent du gouvernement qu'il fixe l'âge légal du consentement à 15 ans et non à 13, comme le prévoit un projet de loi du Sénat, la loi Billon.

"1992. J'ai 13 ans. J'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ? Qui plus est, avec un majeur ?", s'interroge par exemple la comédienne et réalisatrice Andréa Bescond, photographie d'enfance à l'appui. Pour l'autrice du bouleversant Les chatouilles, victime de pédophilie, on ne peut répondre qu'un grand "non" à cette proposition d'amendement. Le seuil de consentement devrait plutôt être fixé "à 15 ans et 18 ans en cas d'inceste, ou situation de handicap", poursuit la cinéaste en interpellant directement le secrétaire d'État chargé de la protection de l'enfance Adrien Taquet.

Un témoignage salué par des centaines de like et partages. C'est pour dénoncer les mêmes violences que s'exprime à l'unisson la journaliste et autrice Flavie Flament. Sur Instagram, elle le rappelle, portrait en exergue : "J'avais 13 ans. Et j'ai été violée par David Hamilton. Aurais-je pu être consentante ?". Une question rhétorique, adressée au Sénat. Et enrichie d'un hashtag en forme de slogan : #avant15anspasdeconsentement.

Un mouvement qui fait réagir

Le concept est fort et mobilisateur : relayer des photographies archivées de soi, à 13 ans, pour rappeler la réalité du non-consentement à l'adolescence, et donc dénoncer la banalisation d'une certaine culture du viol. "A 15 ans on est encore un bébé qui se veut adulte. La limite est encore beaucoup trop basse", "Peu importe l'âge quand on dit non c'est non !... et d'autant plus quand c'est une enfant de 13 ans", "Avant 15 ans, c'est non, même après 15 ans d'ailleurs", peut-on d'ailleurs lire sous la publication saluée de Flavie Flament.

Des piqûres de rappel nécessaires, d'autant plus à l'heure du mouvement #MeTooinceste. Aujourd'hui, l'heure n'est plus aux tabous, et c'est tant mieux. "Les victimes ne sont toujours pas accompagnées, ne sont pas entendues par la justice. On est seules. Et ça, il faut que ça change !", insiste Andréa Bescond sur le plateau de Quotidien ce lundi 25 janvier. La lutte continue.

Malgré tout, certaines voix éveillées aux violences sexistes et sexuelles interrogent la pertinence du propos des publications générées par #Avant15anscestnon. C'est le cas de l'autrice Sophie Gourion, instigatrice du Tumblr Les mots tuent, qui prend la parole : "Cette campagne où vous montrez des photos de vous à 13 ans me met très mal à l'aise. Et si vous en faites 16, que vous avez des seins ça passe ? Vous êtes au courant que cet argument de l'apparence est utilisé par les agresseurs ?", se demande la militante féministe.

"J'ai commencé à me faire emmerder dans la rue à 13 ans, âge auquel j'ai commencé à avoir des seins. Ma photo à cet âge ne ressemble pas à vos photos de petite fille à couettes. En quoi ça justifie quoi que ce soit ?", poursuit l'autrice. Certaines activistes jugent plutôt curieuse l'expression "J'ai une tête à consentir à une relation sexuelle ?", relayée par de très nombreuses personnalités (comme l'actrice Alexandra Lamy). Une question qui réduirait la notion de consentement à l'apparence physique et à quelques photos.

Mais même au coeur de ces débats, c'est un même combat contre l'impunité des agresseurs qui retentit.