Pourquoi il faut boycotter les parcs aquatiques

Publié le Lundi 21 Septembre 2015
Audrey Salles-Cook
Par Audrey Salles-Cook journaliste
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Si vous étiez tenté par l'idée d'aller faire un tour dans un parc aquatique, vous devez d'abord être conscient de ce qu'il s'y passe vraiment. Capturés et enfermés dans de minuscules bassins, les animaux de ces centres de "loisirs" n'ont pourtant rien à faire dans une telle prison. Sur le net, les associations se mobilisent pour faire changer les mentalités.
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La guerre contre Marineland en France continue où une pétition vient d'être lancée à l'intention de l'entreprise Groupon. Alors que le parc aquatique reste l'un des seuls au niveau européen à faire de la résistance en gardant des orques en bassin, les associations se mobilisent pour empêcher la vente de tickets sur le site d'achat groupé. Lancée sur Change.org par Stéphanie Fleury, elle interpelle directement Paul Choppin de Janvry, chef de la communication de la société, afin qu'il cesse de commercialiser des entrées à prix cassés pour le parc aquatique d'Antibes.

Malgré l'onde de choc provoquée par la sortie du documentaire "Blackfish" en 2013, le parc continue d'affirmer que les cétacés qu'ils abritent vivent dans de très bonnes conditions. Attaqué de toutes parts, Marineland a finalement réagi par la voix de son directeur en personne. Selon Jon Kershaw, l'observation des cétacés dans la nature serait mauvaise pour les animaux : "C'est mieux d'avoir une structure équipée qui ne change pas la vie quotidienne de l'animal, ça évite les abus. Le bonheur d'un orque ne se mesure pas en mètres carrés."

La captivité ? De la maltraitance

Une opinion loin d'être partagée par la communauté scientifique, qui se bat depuis de nombreuses années pour convaincre les spécialistes d'interdire la captivité des orques et des dauphins. Habitués à parcourir des milliers de kilomètres quotidiennement, ces derniers se sentiraient prisonniers de ces minuscules bassins où ils n'ont d'autre choix que de tourner en rond sans but. Interrogé par Le Monde, Christophe Guinet, directeur de recherche au Centre d'études biologiques de Chizé, explique :

"Lorsqu'ils sont en milieu naturel, les orques parcourent chaque jour une centaine de kilomètres en mer (jusqu'à 200 km) pour se déplacer, trouver leur nourriture. Aujourd'hui, même si la taille des bassins est plus grande qu'à l'époque des premiers parcs aquatiques, les conditions de maintien de ces animaux en captivité ne sont pas en adéquation avec les besoins de l'espèce. On en est encore au stade de l'aquarium rond pour le poisson rouge."

Une situation invivable pour les animaux, qui deviennent stressés (on a déjà dénombré deux suicides de dauphins), voire agressifs. Frustrés, ils s'en prennent alors à leur dresseur, comme dans le cas de l'orque Tilikum et de Dawn Brancheau. Alors que la dresseuse était en plein représentation devant le public de Seaworld à Orlando en Floride, l'animal l'avait entraînée au fond du bassin où elle finira par se noyer (l'autopsie révèlera également de nombreuses lacérations et fractures sur son corps).

Le business du Japon

Outre les souffrances infligées aux animaux, la captivité des cétacés entretient également un business très lucratif pour le Japon : la chasse aux dauphins dans les îles Taïji. Tout comme les orques, ils deviennent la cible de ce que l'on appelle désormais "la pêche au rabattage". Alors que leur chair n'est absolument pas rentable sur le marché alimentaire (au même titre que celle de la baleine), les chasseurs japonais les capturent pour les revendre ensuite aux parcs aquatiques situés en Asie et au Moyen-Orient.

Quand on sait que de nombreux pays européens comme l'Autriche, la Suisse ou la Grande-Bretagne ont déjà fermé les portes de ces prisons aquatiques, on se demande bien ce qu'attendent les autorités françaises pour porter secours aux pauvres cétacés de Marineland...

En attendant, des dizaines de milliers d'anonymes se mobilisent sur Change.org et ont déjà réussi à faire plier le site de commerce en ligne Vente-Privée.com. Interpellé par des associations de défense des animaux, le patron de l'entreprise a tenu à rassurer sur Twitter, en expliquant que la boutique en ligne s'était enfin décidée à arrêter la vente des tickets pour Marineland.

Pour pousser Groupon à faire la même chose, il ne reste plus qu'à apposer votre signature ICI.