Pourquoi on juge beaucoup plus sévèrement les mères qui partent tôt du boulot

Publié le Vendredi 10 Juillet 2015
Les mères qui quittent le bureau tot sont jugées plus sévèrement que les autres.
Les mères qui quittent le bureau tot sont jugées plus sévèrement que les autres.
D'après une étude de la Harvard Business School, les mères qui partent tôt du travail seraient jugées bien plus sévèrement que leurs collègues masculins. Une nouvelle preuve des inégalités qui persistent dans le monde du travail.
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Qui n'a jamais eu besoin de quitter un peu plus tôt son travail ? Cette pratique qui, si elle ne se répète pas tous les jours, n'a rien de véritablement gênant. Sauf que pour de nombreuses mères, il représente un véritable dilemme. C'est ce qu'explique un compte-rendu de recherches de la Harvard Business School, rapporté par le Washington Post.

Une mère partant de bonne heure de son travail se verra jugée sévèrement par ses collègues, bien plus que ses homologues masculins, expliquent les chercheurs. Ainsi, selon ces derniers, lorsqu'un employé homme quitte tôt son travail, ses collègues seront susceptibles de penser qu'il part voir un client (même si, en vérité, il part au Monop' acheter des chipos pour le barbecue du soir). Au contraire, si une mère de famille part avant l'heure, on pensera directement qu'elle va chercher ses enfants à l'école.

Des clichés aux lourdes conséquences

Un présupposé qui, comme le rappelle l'étude, est lourd de conséquences sur la place donnée aux femmes dans le monde de l'entreprise. Et ni les luttes féministes, ni les études prouvant la totale efficacité des mères au travail ne semblent ébranler les clichés bien tenaces. Comme l'explique Robin Ely, un professeur de la Harvard Business School, cela expliquerait en partie pourquoi les femmes sont moins promues que les hommes.

Le professeur et son équipe ont ainsi interrogé une firme internationale, dont on ne connaît pas le nom, où 90 % des associés sont des hommes et où les employés travaillent au moins 60 heures par semaine. Et lorsque qu'on leur demande pourquoi si peu de femmes sont associées à la firme, à la fois hommes et femmes avanceraient "l''excuse" de la famille qui empêcherait les femmes de consacrer du temps à l'entreprise. Une justification facilement réfutable puisque la même étude a montré que les hommes interrogés ont le même désir à s'occuper de leur famille que les femmes.

La situation inverse existe aussi

Mais, l'article du Washington Post met aussi le doigt sur un autre phénomène. Face aux pressions exercées sur les mères dans le monde du travail, certaines se sentent parfois coupables de passer du temps au travail plutôt qu'avec leurs enfants. Il semblerait même que les femmes soient enclines à juger une mère qui resteraient trop longtemps au travail plutôt qu'avec sa famille. La situation totalement inverse donc. Preuve, s'il en fallait encore que l'égalité au travail est loin d'être acquise.