Sorti dans les salles obscures françaises le 3 décembre dernier, Teresa est un anti-biopic sur la sainte connue à travers le monde entier : Mère Teresa. Figure mythique associée à la bonté, la bienveillance et au don de soi, elle y est revisitée sous l’écriture punk-rock de Teona Strugar Mitevska, récompensée pour son œuvre “God Exists, Her Name Is Petrunija”.
Dans le film, on suit cette femme alors qu’elle est à la tête du couvent des Sœurs de Lorette, à Calcutta en 1948, pendant les 7 jours qui précèdent le lancement de sa propre congrégation : les Missionnaires de la Charité. Sept jours de doutes et de remises en question pour Teresa qui se sent enfermée au sens propre et figuré dans sa condition existante.
Interrogée sur le choix de représenter Mère Teresa comme un sujet imparfait, la réalisatrice nous répond : “Je pense que c’est essentiel de montrer des personnages féminins complexes sur le grand écran. On n’en peut plus des femmes soumises qui servent je ne sais qui. S’accepter avec toute notre beauté et nos imperfections, c’est ça être humain et c’est comme ça qu’on s’attache et qu’on aime les gens qu’on aime”.
Pour Teona Strugar Mitevska, il était important de montrer la personne derrière le mythe. C’est d’ailleurs ce qui a convaincu Noomi Rapace, qui décrit le personnage comme une figure “rebelle, puissante, forte” et surtout “pas parfaite”, de se lancer dans l’aventure.
Parmi les aspects imparfaits de Mère Teresa, il y a évidemment ses vues sur l’avortement, un sujet “important” à aborder pour la réalisatrice macédonienne car il “nous concerne profondément en tant que femmes contemporaines”.
Celle qui a été canonisée en 2016 considérait cet acte comme le “plus destructeur de l’amour et de la paix”, une position très fermée, explorée dans le film et remise en question par les personnages de Soeur Agnieszka et de Père Friedrich notamment.
Et si c’était “difficile” pour Noomi Rapace d’incarner un personnage avec une vision opposée à la sienne, elle ne regrette pas pour autant que ce discours soit inclus dans la narration, au contraire : “J’adore que Teona [Strugar Mitevska, ndlr] ait inclus ça dans le film et qu’on le remette en question, que ça devienne une conversation où on peut entendre, on peut écouter et débattre”.
Le long-métrage, qui s’intitule très justement “Мајка” - “Mère” - en langue originale aborde également la question de la maternité, notamment à travers le personnage d’Agnieszka, la Soeur dont Teresa est la mentor et qu’elle a choisi pour prendre sa place à la tête du couvent. Agnieszka est enceinte, une situation que condamne fermement le personnage de Noomi Rapace mais qui va aussi la pousser dans ses retranchements. Teresa va alors questionner son choix de ne pas devenir mère, une question qui résonne chez beaucoup de femmes encore aujourd’hui.
“C’est intéressant parce que je pense que beaucoup de femmes aujourd’hui ne veulent pas devenir mères. Pour plein de raisons différentes. J’ai entendu beaucoup de personnes de la jeune génération avoir des doutes sur le futur et avoir le sentiment que c’est cruel de faire des enfants dans ce monde”, répond l’actrice suédoise quand on lui demande si elle pense que la pression autour de la question de devenir mère a évolué aujourd’hui.
Et d’ajouter : “Je pense qu’on se libère des vieilles attentes sur ce que c’est d’être une femme et de l’idée que l’on est “moins” une femme si l’on n’est pas mère. Chacun doit agir comme il l’entend et vivre sa vie”.
Retrouvez le film Teresa, dès maintenant au cinéma.
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