Les lois anti-avortement ne sont pas "pro-vie" mais anti-femmes : la preuve au Texas

Publié le Lundi 18 Juillet 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Au Texas, le procureur général accuse la directive de Joe Biden, qui autorise les urgentistes à pratiquer l'avortement en cas de danger pour la vie de la personne enceinte dans tous les Etats, de "bafouer" l'arrêt de la Cour suprême. "Pro-vie", vraiment ?
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Le 24 juin dernier, la Cour suprême des Etats-Unis révoquait l'arrêt Roe v. Wade, garantissant depuis 1973 le droit à l'avortement sur le sol américain. Depuis, 17 Etats ont interdit (ou sont en passe d'interdire) la procédure, certains allant jusqu'à la bannir en cas d'inceste, de viol ou de danger pour la vie de la mère et du foetus.

C'est justement pour protéger les personnes concernées dans ce dernier cas que l'administration Biden a statué une directive autorisant les médecins urgentistes exerçant dans des hôpitaux bénéficiant de fonds fédéraux, à pratiquer des avortements lorsqu'iels jugent que la vie des patientes est à risque. Et ce, même si les lois locales bannissent les IVG, précise l'AFP.

Une intervention contre laquelle le procureur général républicain du Texas, Ken Paxton, a décidé de déposer une plainte, estimant jeudi 14 juillet que le gouvernement "essaie d'utiliser la loi fédérale pour transformer chaque service d'urgences du pays en clinique d'IVG sans rendez-vous", et l'accusant de "bafouer" la décision de la plus haute instance juridique des Etats-Unis. A noter qu'au Texas, la loi prévoit normalement une exception pour sauver une femme enceinte. La plainte serait donc purement "politique", estime l'agence de presse.

Quand l'étiquette "pro-vie" s'oppose à la protection de la vie

La Maison Blanche a rapidement réagi, critiquant l'action d'un "élu républicain extrême et radical". Et la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, d'ajouter : "Il est inconcevable qu'un responsable public mène une action en justice pour empêcher des femmes de bénéficier de soins vitaux aux urgences, un droit protégé par la loi américaine".

De son côté, le ministre de la Santé Xavier Berraca avait précisé aux soignant·es que la loi fédérale "protège votre jugement clinique et les actions que vous prenez pour stabiliser vos patientes enceintes, peu importent les restrictions en place dans l'Etat où vous exercez". Comprendre que si l'un·e d'elles et eux estime qu'il est nécessaire de procéder à un avortement, "il doit le pratiquer".

Mais Ken Paxton n'en démord pas : il s'agirait plutôt d'une tentative des "bureaucrates" pour obliger "les hôpitaux et les urgentistes à pratiquer des avortements". Ironique (et tragique) de se battre aussi fermement contre la protection de la vie quand on base tout son argumentaire anti-avortement sur... la protection de la vie.