Monde
"C'est pas un country club !" : un élu contre la distribution de tampons en prison
Publié le 20 mars 2019 à 18:19
Par Marguerite Nebelsztein | Journaliste
Marguerite Nebelsztein, journaliste spécialisée dans les sujets de société sur le site terrafemina.com
Le sujet de la précarité menstruelle ne semble pas avoir touché un élu républicain américain qui s'oppose à la distribution gratuite de protections périodiques dans les prisons. Selon lui, il s'agirait de produits de luxe.
Image d'illustration tampon Image d'illustration tampon© Getty Images
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Aux États-Unis dans l'État du Maine, le Parlement local a voulu voter une loi pour que les protections périodiques pour les détenues dans les prisons du territoire soit un droit, raconte le media local Beacon. Parce ces produits sont de première nécessité et que cette mesure vise à lutter contre la précarité menstruelle.

Mais un élu républicain, Richard Pickett, ne l'entend pas de cette oreille. Comme le rapporte la journaliste Alex Acquisto qui suit l'actualité du capitole du Maine pour le journal Bangor Daily News, l'élu aurait déclaré : "Franchement, et je ne veux pas vous manquer de respect, le système carcéral et le système correctionnel n'ont jamais été conçus pour être un country club".

Il considère ainsi que ce sont des produits de luxe et donc pas nécessaires.

L'homme ayant laissé son profil Facebook semi-ouvert, des personnes ont pu aller commenter sa petite phrase : "Peut-être que certaines d'entre nous devraient commencer à vous envoyer des serviettes et des tampons usagés afin d'attirer votre attention et de vous donner l'occasion de faire un test de réalisme. J'espère que votre femme Debra et les autres femmes de votre vie, y compris vos filles et petites-filles, vous informeront sur les réalités de nos besoins fondamentaux en matière d'hygiène en tant que femmes."

Une autre tente l'humour : "J'aime bien l'idée de limiter son papier toilette, et peut-être seulement celui qui est vraiment pas cher et qui râpe. Quelle horrible personne."

Richard Pickett aurait également ajouté : "Les détenues ont le droit de les avoir [les protections] et elles les ont. Si ce n'était pas le cas, j'appuierais la motion, mais elles en ont."

Il a évoque un "micromanagement" des prisons : "Parfois, quand on doit regarder les choses, quand on a quelque chose qui marche et qui est là, on ne peut pas continuer à microgérer le système carcéral."

L'élu affirme que les femmes ont un accès sans problème à ces protections. Pourtant, le journal The Beacon a interrogé Whitney Parrish qui travaille pour le Maine Women's Lobby, qui se consacre à l'action législative en faveur des femmes de l'Etat. Elle raconte que les détenues de l'état reçoivent aujourd'hui des produits en quantité limitée et souvent de mauvaise qualité, précisant également que ces femmes doivent faire des choix cornéliens.

"Quand tu n'en as plus, tu n'en as plus [...] Vous n'avez peut-être pas d'argent pour vous rendre à l'économat, et si c'est le cas, vous devrez peut-être comparer cet achat à d'autres nécessités, comme téléphoner à vos enfants ou à un avocat. Vous êtes obligée de prendre la décision impossible de construire vos propres produits menstruels, en utilisant des vêtements ou du papier de cahier à la place d'un tampon"

Cette situation intenable est aussi vécue dans les prisons françaises. Un reportage des journalistes Myriam Attia, Emma Benda et Johanna Cincinatis révélait le 19 mars dans l'Obs les techniques terribles qu'utilisent parfois les détenues françaises. Avec les difficultés d'approvisionnement et le fait qu'elles n'ait pas de revenus, elles seraient parfois obligées de se fabriquer des serviettes avec du papier toilette, des draps, ou même de fabriquer des cups avec des bouteilles en plastique.

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