Le streameur Jiraya a eu la bonne idée (ou pas) de revisionner Pluskapoil, le premier et unique (heureusement) spectacle de standup de Michael Youn.
Par-delà le défilé de blagues misos sur le sexe durant les menstrues, les meufs trop relous (quand elles ne veulent pas "baiser", principalement), la fellation, l'éjaculation faciale, et autres joyeusetés (non) sur la sodomie (l'humoriste aimerait que les femmes soient moins réticentes à l'acte), la star du Morning Live y mime longtemps, très longtemps, une agression sexuelle sur une pauvre spectatrice "volontaire".
Qui se retrouve au coeur d'une séquence plus que malaisante de harcèlement sexuel pur et dur.
Le bingo des mots-clés grivois pour puceaux enfiévrés énoncé plus haut (au service d'une écriture qui grosso modo compare n'importe quelle bribe de sexualité de la vie réelle à un film X gonzo) ne suffit pas à Pluskapoil pour s'imposer comme un spectacle de stand up ouvertement misogyne et hyper cringe, qu'on imagine mal sorti de la tête d'un homme de 32 ans.
Même en 2005, date de sortie du show. Non, c'est encore ailleurs que se situe la sidération.
Dans son "react" plus que courageux (vu le niveau de malaise) du spectacle, le streameur Jiraya, créateur de contenus à retrouver sur la plateforme Twitch, épingle plus encore que ces blagues grivoises une scène particulièrement... Horrible. Qui fait passer Tex pour Virginie Despentes.
Durant la séquence dont il est ici question, et que vous pouvez retrouver en partie dans l'extrait relayé en bas de cet article (et sur la chaîne du streameur), Michael Youn va exiger la venue sur scène d'une "volontaire" pour un long, interminable moment "d'impro". Jeune femme (bien sûr, pas d'homme, ce serait moins drôle) qu'il va toucher, constamment. Aux épaules, aux cheveux, aux hanches, à la poitrine. Allant jusqu'à lui mettre la main sur l'entrejambe.
Ou même mimer une sodomie sur elle. Ou encore, lui lécher la joue.
Et ce n'est pas tout.
Michael Youn est au sommet de la misogynie avec ce spectacle. Qui ne parle que de cul mais surtout, du cul tel que le fantasme un incel.
Le plus insupportable bien évidemment étant cet instant interminable de "corps à corps" permanent avec cette "volontaire". Les viewers, autrement dit la communauté, du streameur Jiraya, qui comme lui ont revu cette scène 20 ans après sa "représentation" sur scène, dénoncent une "agression sexuelle" qui se déroulerait en live.
Et pour cause : Michael Youn va "peloter" (doux euphémisme) la jeune femme, lui toucher le sexe, toujours par surprise, le "running gag" étant le désir sexuel exacerbé du comédien, souvent exprimé à l'égard de sa spectatrice complètement muette d'un bout à l'autre (et dont les sourires cachent mal une gêne intense) : tous deux finissent sur un matelas et là, les gestes déplacés envers la "volontaire" se multiplient. Le summum étant peut être cet instant où le comédien lèche la joue de la jeune femme, lui touche les fesses, les hanches, et on va passe les détails.
Ce à quoi l'on assiste a un nom, le harcèlement sexuel. Et que la chose soit scénarisée, que la "volontaire" soit une actrice, ou non, importe peu.
C'est le message véhiculé qui compte le plus : rire de cela serait tout à fait "normal", suggère ce show qui nous renvoie à la grande époque de La Méthode Cauet (vous savez, cette émission où Rocco Siffredi a agressé sexuellement Cécile de Ménibus, sous les applaudissements d'un public hilare).
Au secours.
"A sec, comme ça ?", va jusqu'à demander "l'humoriste" dans un moment lunaire où celui-ci (âgé de 32 ans, on le rappelle) mime une position de sodomie envers la spectatrice, couchée sur le sol. C'est la façon dont Michael Youn va constamment aligner les "mains baladeuses" (doux euphémisme, encore) envers cette jeune femme qui a particulièrement choqué les spectateurs.
Ceux de 2025, hein. Ceux de 2005, eux, semblent adorer ce qu'ils voient.
Difficile de trouver cela si étonnant alors même qu'une séquence (pour ne citer que cela) où Michael Youn colle son entrejambe au visage d'un spectateur a également suscité l'hilarité de l'audience des années 2000. Idem, un geste déployé, faut-il le préciser, sans se soucier, jamais, du consentement d'autrui. Oui, il "fallait être là", comme on dit. Pauvre public.
Le spectacle de Michael Youn est parfois volontairement choquant.
Comme lors de ces sketches d'humour noir et trash, très Michel Muller, très humour anglosaxon (et pas si catastrophiques comparé au reste), où il met en scène des personnages de fiction, dépeints comme des "freaks" (une travailleuse du sexe septuagénaire en situation de handicap, victime de viols, incarnée par l'acteur).
Mais souvent, il l'est sans le vouloir. En banalisant les agressions sexuelles. Le harcèlement sexuel, comme ici. Alors-même que ses "personnages" semblent avoir été pensés pour dénoncer les violences et les féminicides, tout le reste du show déborde de l'intention inverse. En s'amusant des violences justement voire du viol, agressions érigées en gags potaches et connivents.
C'est une très bonne définition de ce que l'on appelle : la culture du viol.
A savoir, euphémiser les violences sexuelles, se dire qu'une femme est forcément consentante, "qu'elle veut" (beaucoup du spectacle se joue de la popularité de l'humoriste et de son succès auprès des jeunes femmes), qu'il n'y a pas de mal à rire du harcèlement ou des agressions, le côté "spectatrice volontaire" appuyant le fameux discours "elle l'a bien cherchée".
Comme le dit en guise d'épilogue Jiraya, qui considère la chose comme "le pire spectacle qu'il ait jamais vu" : "Les gars, c'était vraiment pas mieux avant".