Une paire de fesses sur la façade des Galeries Lafayette : la Mairie de Paris réagit

Publié le Mardi 11 Décembre 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Publicité Aubade sur la façade des Galeries Lafayette
Publicité Aubade sur la façade des Galeries Lafayette
Dans cette photo : Anne Hidalgo
L'adjointe à l'égalité de la mairie de Paris demande aux Galeries Lafayette le retrait immédiat d'une publicité Aubade qu'elle juge sexiste. Elle représente les fesses d'une femme sans tête portant une culotte.
À lire aussi

La Mairie de Paris est très engagée dans la lutte contre les publicités sexistes. En 2017 par exemple, le Conseil de Paris avait voté l'interdiction de toutes les publicités sexistes ou discriminatoires sur le réseau municipal d'affichage.

A l'époque, Hélène Bidard, adjointe PCF en charge de l'Égalité à la mairie, avait déclaré au journal Le Monde qu'elle espérait une loi sur l'ensemble de la France : "En attendant une loi qui s'appliquerait sur l'ensemble du territoire national, Paris fait le choix de bannir définitivement ce genre de campagne."

En juin dernier, la mairie avait également organisé un colloque "pour un Paris sans pubs sexistes", où des associations et des entreprises étaient intervenues.

Cette fois-ci, ce n'est pas le réseau de la Mairie de Paris qui est en cause, mais le magasin parisien des Galeries Lafayette.

L'enseigne s'est fait pointer du doigt par Hélène Bidard elle-même. L'adjointe à la maire de Paris demande par le biais d'un message sur Twitter, le retrait immédiat d'une publicité qu'elle juge sexiste, affichée sur la façade de l'enseigne.

Hélène Bidard avait reçu la veille un signalement de la part d'une internaute sur Twitter :

"Une image des femmes dégradée, dépassée et inadmissible"

Elle a également fait parvenir une lettre directement au président du directoire des Galeries Lafayette, Philippe Houzé, pour lui demander ce retrait.

Dans son courrier, Hélène Bidard explique avoir été interpellée par des administré·es. "Je tiens à vous faire part de ma vive colère à voir votre enseigne faire le choix d'afficher une telle publicité sexiste et stéréotypée, réduisant les femmes à un morceau de corps et à un objet sexuel."

Elle renvoie ce choix de l'enseigne à un archaïsme : "Un an après le début de la vague #MeToo, [...] ce choix apparaît hors du temps et de l'histoire. Il véhicule une image des femmes dégradée, dépassée et inadmissible, qui ne me semble pas dans l'intérêt de votre groupe."

Après lui avoir également rappelé les engagements de la ville de Paris sur le sujet, l'élue lui demande "expressément le retrait de cette affiche dans les meilleurs délais."

Quelques internautes ont réagi à son message :

Du féminisme washing de première classe

La marque Aubade ne brille généralement pas pour son inventivité marketing. Et cette présence d'une immense affiche sur la façade des Galeries Lafayette Paris a de quoi faire rire jaune pour plusieurs raisons.

La première, c'est le sexisme généralisé des pubs Aubade qui montrent toujours des fesses et des poitrines de femmes sans tête.

Aubade s'est d'ailleurs vantée de cette publicité sur son compte Twitter :

La deuxième est que les Galeries Lafayette s'étaient engagées en grande pompe au début de l'année 2018 en signant une charte aux côtés de 27 autres marques "pour une communication responsable". Donc à mettre fin aux stéréotypes sexistes.

Les bonnes résolutions ne tiennent pas longtemps, c'est bien connu. Et l'argent n'a pas d'odeur dans la publicité. Dans ce cas, on peut réellement parler de féminisme washing de première classe.

Ce n'est pas la première fois que des publicités sexistes sont mises à l'amende dans la ville de Paris cette année. Cet été, la marque Cellublue avait été accusée de mettre la pression d'un corps parfait sur les usagères du métro.

Et en juillet, le collectif 52 avait lancé une action sauvage pour recouvrir les publicités sexistes présentes dans le réseau de transport parisien. Elles les avaient fait disparaître sous de fausses pubs mettant en valeur toutes les femmes, dans leur diversité.