Le revenge porn, c'est quoi ?
Factuellement, cela consiste à diffuser publiquement, sans consentement, des images à caractère sexuel et privé. Et cette pratique est fort heureusement condamnée par la loi. En France, tout auteur de "revanche pornographique" est sanctionné de deux ans d'emprisonnement et de 6 0000€ d'amende.
Mais hélas, cela n'empêche pas ce fléau de perdurer... Comme le démontre une nouvelle étude Lemon.fr & IFOP. En prenant en compte par le biais d'un questionnaire les témoignages de pas moins de 990 personnes, représentatifs de la population française âgée de 15 à 34 ans, cette enquête intitulée "Les jeunes et leurs ex à l'heure des réseaux sociaux" dresse un glaçant état des lieux : près de 4 hommes sur 10 (38%) indiquent avoir envoyé des photos intimes de leur ex à d'autres personnes...
Nauséeux. Et ce n'est pas tout.
Le revenge porn a encore de beaux jours devant lui en France semble-t-il, malgré la pression de la loi. Et le phénomène, sans surprise, est indéniablement genré. C'est ce qu'assure cette édifiante étude : "les réseaux sociaux s'avèrent un terrain propice pour assouvir de manière toxique, voire dangereuse, sa rancoeur post-séparation, attitude qui semble bien plus l'apanage de la gent masculine que féminine".
14% des femmes reconnaissent également s'être livrées au revenge porn, détaille l'étude. Chiffre tout à fait notable, mais qui démontre cependant une nette supériorité du taux d'hommes auteurs de cette pratique qui vise avant tout à humilier. Ou, comme le dit l'enquête, "dénigrer une ancienne petite amie pour nuire à sa réputation". Car à travers le revenge porn, c'est une stéréotype millénaire et tout aussi misogyne qui est exploité : celui de la "fille facile", à la sexualité forcément honteuse. Une inversion de la culpabilité !
Stéréotype récemment bousculé par Zahia, l'une des rares paroles en France à interroger aussi frontalement cet imaginaire sexiste. Rappelons enfin que bien souvent, les victimes de revenge porn le sont également d'un phénomène étroitement lié : le "victim blaming". Soit le fait de juger les victimes de violences, le plus souvent sexuelles, sur leur tenue, leurs moeurs, systématiquement supposés, leur corps, leurs paroles, leurs actes...
Une certaine idée du patriarcat.