-50% ? Ce caban écossais parfait, vous l’avez cherché pendant tout l’hiver et c’est en juin qu’il vous tombe sous la main. Enivrée, vous l’enfilez. La clim est à fond, vous oubliez tout et foulez en rêve les collines vertes des Highlands, votre caban sur les épaules. Il est parfait. On vous encaisse. Une fois sur le seuil de la boutique, la chaleur étouffante vous prend au dépourvu. Aucune importance, vous porterez cette merveille l’hiver prochain. L’hiver suivant, vous rêvez d’une grosse fourrure imprimée léopard et revendez votre caban une misère sur eBay.
« Vous n’avez plus que du 37 ?... je vais les essayer quand même ». Vos pieds sont effectivement un brin compressés, votre petit orteil cramoisi s’échappe entre deux brides de cuir tressé. C’est normal, pensez-vous, convaincue que deux heures de shopping par 20 degrés vous ont fait prendre trois pointures. Au pire, votre cordonnier vous les élargira d’une demi-pointure. Vous achetez. La demi-pointure obtenue à grand’ peine par le cordonnier n’a pas suffi. Vous revendez vos escarpins pour trois kopecks sur leboncoin.
Elle est en soie, à sequins, outrageusement décolletée, brodée à la main, bref elle ne se lave pas en machine. Vous l’aimez. Elle sera parfaite pour le nouvel an/un cocktail/le mariage de votre cousin. Vous prenez. Vous n’auriez pas dû. 1. Vous passez toujours le nouvel an avec vos vieux potes du lycée, pour l’occasion, c’est tout juste si vous accessoirisez votre éternelle robe noire. 2. Vous n’avez jamais été invitée à un cocktail. 3. La robe est trop habillée pour le mariage de votre cousin.
Fou, ce collier en fausses pierres semi-précieuses coûte 5 euros. Vous embarquez la chose sans l’ombre d’une hésitation, vous ne verrez même pas la différence sur votre relevé de compte. Deux mois après, vous postez sur vinted.fr : « Collier "or" et "pierres" (neuf). 1 euro. »
Ce pantalon imprimé vous a tapé dans l’oeil. Si vous achetez « un top blanc, des slippers et un collier un peu comme celui d’Annabelle, ça sera parfait… » N’achetez pas en soldes quelque chose qui ira avec quelque chose que vous n’avez pas et que vous devrez vous procurer (non soldé).
« Le tregging, c’est le nouveau slim » vous a assuré votre bonne copine qui travaille dans la mode. Après essayage et réflexion, le tregging, c’est juste le nouveau vêtement qui rend gros. Vous le mettez sur leboncoin et payez le supplément de 2€ pour remettre en avant l’annonce de votre « truc d’hiver ».
La chose est estampillée Isabel Marant et la chose est bien soldée. Vous achetez pour avoir du Isabel Marant dans votre placard. Vous ne porterez jamais la chose, vous haïssez les baskets compensées.
Ces soldes, vous les attendez juste pour lui, un cachemire gris perle qui va avec tout et dans lequel vous en jetterez en réunion. Premier jour des soldes, vous êtes devant ce rayon où vous êtes venue tant de fois caresser l’objet de vos désirs entre midi et deux. Ils ne le font plus qu'en bleu layette, vous prenez le bleu layette. Vous ressemblez à madame Bonnot, votre prof de musique de 6e. Retour sur eBay.
Il n’a pas été essayé, ne porte aucune marque de fond de teint, n’accuse pas même le moindre froissement et porte fièrement une étiquette à fioritures frappée du sceau « nouvelle collection ». Il trône là, bien plié, sublime, pile dans les tons que vous rêvez de porter cet été et donne instantanément un énorme coup de vieux à tous les articles soldés grossièrement empilés sur un socle bas et horriblement défigurés par des étiquettes orange sale. La tête vous en tourne, vous prenez sans regarder le prix. Vous vous rendrez compte en rentrant que vous avez été victime d’une terrible manœuvre marketing.
La vendeuse tord la bouche en signe de gros gros doute. Pas sûr que cette robe soit encore là (et dans votre taille) à la deuxième démarque. Vous pouvez prendre le risque naturellement mais « si elle était vous… » Angoissée à mort, vous vous ruez sur l’objet et le gardez serré contre votre sein jusqu’à l’encaissement. Deux semaines plus tard, la robe est toujours là, en 38 et en 5 exemplaires… 30 euros moins chère.