Au Tchad, les femmes menacées d'amende si elles refusent une demande en mariage

Publié le Vendredi 26 Août 2022
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
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Encourager les jeunes Tchadien·nes à se marier, voilà ce qui justifierait la mise en place d'une amende à qui refuserait des fiançailles. Une décision portée par une instance religieuse qui prévoit un coût plus onéreux pour les femmes réticentes que pour les hommes.
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La pratique s'intitule "Amchilini", informe Courrier International, et signifie "choisis-moi" en français. Son concept : que tout homme ou femme demandé en mariage écope d'une amende en cas de refus. Une mesure mise en place sous l'égique du conseil supérieur des affaires islamiques de la ville de Mangalmé, par les chefs coutumiers et religieux de la région centrale du Guéra, précise encore le média. Et dont le but est simple : "encourager les jeunes à se marier" et lutter contre la "débauche", décrypte à son tour le site de la BBC.

Tout un programme... dont les conséquences ne sont pas les mêmes selon si le refus vient d'un homme ou d'une femme.

Ainsi, si une Tchadienne n'accepte pas une proposition, elle devra s'acquitter d'un montant allant de 15 000 à 25 000 francs CFA (entre 23 et 38 euros). "Une somme considérable, compte tenu de la situation économique du pays", souligne Courrier International. Les hommes récalcitrants en revanche, ne seront tenus de payer "que" 10 000 francs CFA (15 euros). Une différence qui, au-delà du principe en lui-même, a suscité une indignation certaine. A noter par ailleurs, qu'en cas de défaut de paiement, la prison est à risquer pour tou·te·s.

"Une pression psychologique"

"C'est une pression psychologique en ce sens-là que lorsque la personne n'aura pas les moyens, elle sera obligée d'accepter. Il faut qu'on comprenne qu'aucun mariage n'est accepté en Islam lorsque la fille n'est pas consentante", dénonce auprès de la BBC Falmata Issa Mahamat Maina, membre de la Ligue tchadienne des droits des femmes, décrivant la situation comme une forme de "mariage forcé". Pourtant, ce dernier est interdit par "les textes ratifiés par le pays contre le mariage forcé et les textes internationaux qui garantissent", rappelle une tribune écrite par l'association.

Sur les réseaux sociaux aussi, la colère gronde. Les internautes tentent d'alerter quant aux dangers de cette décision via le hashtag #StopAmchilini, lancé par la Ligue, qui s'insurge particulièrement contre "une mentalité patriarcale dominante dans la région", note le Courrier, "où les femmes sont considérées comme inférieures aux hommes".