"Je suis vieille, et alors ? Je suis vieille, et je vous emmerde !"
Cette punchline, c'était celle de Laure Adler, qui l'espace d'une tribune dans Libé, puis d'un documentaire, avait dénoncé les discriminations "anti-vieilles". E que s'apelerio, l'âgisme !
Pour la célèbre journaliste de 72 ans, "vieux" n'est pas une injure, c'est une fierté, dans une société où le cap de la quarantaine fait office de grand saut dans le vide... Pour les femmes. "Pourquoi vivre cet âge comme une catastrophe ? Pourquoi les vieux sont-ils devenus des corps encombrants ?", s'interrogeait-elle volontiers l'an dernier.
Stigmatisation, exclusion, invisibilisation, discriminations diverses, professionnelles, intimes... On pourrait poursuivre la liste longtemps. Mais une consoeur journaliste et autrice, elle aussi, a son mot à dire sur ce grand sujet. Sur les ondes du podcast "Vagues" de ELLE, au micro de la journaliste Marion Ruggieri, Sophie Fontanel s'est effectivement exprimée sur l'âgisme et s'en est joyeusement prise à ce gros tabou.
"Ça m’est égal de vieillir", s'est exprimée la romancière abondamment suivie sur Instagram, "et je trouve que la place que j’ai maintenant, c’est un boulevard. Les femmes n’ont pas voulu prendre cette place. Ces femmes de mon âge qui n’ont pas voulu vieillir, elles sont quasi obligées de devenir des influenceuses beauté…"
Au micro de Marion Ruggieri pour ELLE, Sophie Fontanel poursuit sur le même ton : "Ca m'est égal de vieillir, et je pense que le pire, c'est de perdre sa juvénilité. Et c’est compliqué parce qu’en même temps, il faut avoir de la lucidité, de la maturité.... Mais il faut rester capable de faire des conneries, de se marrer, d’être naïf", affirme la féministe.
C'est un appel à décomplexer, malgré les injonctions, et le poids redoutable d'un culte savamment alimenté par la société patriarcale : le jeunisme, naturellement. Et les idéaux de beauté, de performance, de perfection, érigés notamment par l'industrie de la mode. Industrie que Sophie Fontanel connaît sur le bout des doigts. D'où le caractère salutaire de son témoignage de sexagénaire libre.
De quoi raviver d'autant plus les mots de Laure Adler, encore : "Vieillir, c'est être sauvage, en colère, passionné, ce n'est pas renoncer, devenir raisonnable, c'est ne plus attendre quoi que ce soit de ce que vous n'aimez pas et que vous avez tout de même fait parce que vous vous y sentiez obligée... Ce n'est pas parce qu'on est vieux qu'on est bon à jeter à la benne aux ordures ! J'ai hâte d'encore vieillir. Tant de choses à faire"