Karin Viard y va de son coup de gueule salutaire.
Sur le plateau de C à Vous, l'actrice Césarisée s'est exprimée sans filtre au sujet d'un enjeu culturel, féministe, et plus encore, de société : le traitement des actrices dans le monde du cinéma, et plus encore du cinéma français, une fois atteint le cap de la quarantaine.
Karin Viard évolue dans ce cercle depuis trente ans déjà, ayant connue bien des tournages, et bien des auteurs, et autrices. Elle en connaît donc tous les dessous. Et c'est ainsi sans filtre qu'elle l'avoue à Anne-Elisabeth Lemoine : "Le cinéma, c'est assez rude en fait...."
La comédienne étaye sa tribune : "C'est assez rude car quand tu es une femme, dès que tu n'es plus désirée, c'est à dire à un certain âge, c'est rude..."
Et que s'apelerio : l'âgisme. Tout simplement.
Karin Viard pointe là du doigt un fait alarmant, et d'une indéniable réalité.
Oui, les actrices, vraisemblablement, selon le regard masculin, ou en tout cas, patriarcal, qui domine le cinéma français, et bien des industries culturelles, ont... Une date de péremption. Comme un écho à ce que Virginie Despentes décrit avec tant de lucidité : le fameux "marché de la bonne meuf", dont sont exclues "les vieilles" - dixit les lignes acerbes de son King Kong Théorie. Extrait : « J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal-baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf »
Le cinéma, un éternel "marché de la bonne meuf", alors ? Pas seulement.
Entre jeunisme, diktats de beauté, hyper sexualisation des comédiennes, mêmes stéréotypes de genre, il y a tant à dire encore sur ce qu'implique cette réflexion quand on parle de cinéma français.
Et Karin Viard d'étayer sur le plateau du talk show quotidien : "A partir du moment où tu as un certain âge, on estime que tu n'es plus désirable aux yeux des gens... Quand tu es une femme ! Brad Pitt, là par contre, qui a le même âge, que moi on le trouve toujours aussi désirable vraisemblablement. Malgré MeToo, ca continue, cette réflexion, dans le cinéma. Il y a toujours cette différence de traitement entre hommes et femmes. De considération, par exemple, quand une femme sait ce qu'elle veut : on va traiter une actrice de difficile de chiante, d'hystérique..."
Une sorte de gender gap qui fait très mal.