Adèle Haenel est scandalisée par le cyber harcèlement virulent de Rebecca Chaillon, grande autrice de théâtre féministe et anti-raciste.
Plus de deux ans se sont écoulés suite à la présentation d'un de ses spectacles au célèbre festival d'Avignon, Carte noire nommée désir, spectacle puissant et controversé, qui avait engendré des violences en ligne envers l'autrice, véhémence émanant de l'extrême-droite.
Des agressions racistes étaient effectivement venues interrompre les représentations de la pièce de la metteuse en scène afroféministe et queer Rebecca Chaillon durant trois représentations différentes de la pièce sus nommée.
Celle-ci a pris place du 20 au 25 juillet au Gymnase du lycée Aubanel. Certains interprètes auraient également été victimes d'agressions dans les rues de la ville. Et à cela a succédé deux années durant un très virulent harcèlement en ligne.
En ce mois d'octobre, certains harceleurs de l'artiste se retrouvent enfin au tribunal, jugés pour leurs actes de violence en ligne à l'adresse de Rebecca Chaillon.
Adèle Haenel, grande figure du mouvement #MeToo en France, féministe, anti-raciste, lesbienne, aujourd'hui femme de théâtre, s'est exprimée sur ses réseaux sociaux afin de consacrer tout son soutien à Rebecca Chaillon face à cette "violence coloniale et misogyne", écrit-elle.
On la lit. Des mots forcément intenses.
Sept personnes étaient jugées à Paris pour avoir participé à ce cyberharcèlement ces 22 et 23 octobre. Face à la metteuse en scène engagée qui en étant violemment harcelée et insultée avait suscité un grand bouleversement dans la sphère théâtrale.
Et le collectif féministe #MeTooThéâtre de fustiger à l'époque ces actes "qui témoignent du racisme et de la misogynie qui infusent toujours largement nos sociétés". C'est ce que dénonce Adèle Haenel justement.
Elle détaille sur Instagram avec une éloquence dont seule elle à le secret : "Merci à Rebecca Chaillon pour son talent, son humour, sa beauté, sa force, sa sensibilité. Avec mes collègues du spectacle vivant nous lui apportons tout notre soutien"
"La réponse au cyber harcèlement raciste ne saurait se cantonner à une issue judiciaire. Si nous ne réagissons pas, ces agressions risquent de devenir la règle sur la scène théâtrale. Ce ne sont pas des faits divers. Dans notre société on banalise de plus en plus le racisme pour en faire la norme, encourageant la cruauté et l'insensibilité aux autres, déshonorant l'humanité"
Adèle Haenel achève ce post très incarné à explorer en bas de cet article de cette manière : "Ce procès parle de nous, de notre société : une société coloniale et raciste qui essaie d'asservir le champ de l'art, une société que la colonialité structure, en plein glissement dans le fascisme de surcroit. Il nous faut sans lâcheté encourager des œuvres qui parlent d'une société plurielle sans ce regard imbibé par la colonialité et la blanchité".
Adèle Haenel donne le la à l'intersectionnalité et sa militance se ressent au gré de ces phrases.
Le directeur du Festival d'Avignon, Tiago Rodriges, l'avait déploré ouvertement il y a deux ans : "des gestes violents et racistes ne sont pas acceptables au Festival d'Avignon, et ce comportement ne représente pas le public du Festival". Et l'avait affirmé encore : "le festival a tout de suite exprimé sa solidarité à cette compagnie, et travaillé pour créer un climat de sécurité et de sérénité pour que le spectacle se présente".