Ces personnes ont moulé leur sexe pour briser le mythe de la "vulve parfaite"

Publié le Mercredi 16 Juin 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Ces personnes ont moulé leur vulve pour une excellente raison
Ces personnes ont moulé leur vulve pour une excellente raison
Briser le "mythe de la vulve parfaite", voilà le but de Cavally. La marque de produits et soins périodiques lance une campagne haute en couleurs et en diversité, exposant les moulages des vulves d'une dizaine de personnes, mais aussi leurs récits importants.
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Les diktats ont la dent dure, et s'attaquent à chaque recoin de notre corps. Ventre, seins, taille, visage... même les parties génitales ne sont pas épargnées. La vulve, notamment, dont l'apparence a tendance à complexer les personnes qui en sont dotées, lorsqu'elle ne correspond pas à une norme réductrice. Norme que l'industrie du porno mainstream participe férocement à véhiculer.

Selon la marque de produits et soins périodiques Callaly, cette crainte de ne pas ressembler aux autres est même chiffrée. Ainsi, après avoir mené un sondage auprès de ses client·e·s, elle a découvert que près d'un tiers des personnes âgées de 16 à 35 ans se sont déjà inquiétées de savoir si leur vulve était anormale, tandis que 40 % des 16-24 ans et 37 % des 25-34 ans affirment souhaiter avoir une "vulve de forme nette et symétrique".

En outre, 22 % des 16-24 ans et 15 % des 25-34 ans ont envisagé de modifier elles-mêmes leur vulve, en la coupant ou en la décolorant, et 13 % des 16-34 ans prévoient de subir une intervention chirurgicale pour rétrécir leurs lèvres. Un constat terrifiant, particulièrement révélateur des pressions exercées sur le physique des femmes, les hommes transgenres et les personnes non-binaires concernées : plus de la moitié des 16-24 ans et 40 % des 25-34 ans affirment d'ailleurs que ce "mythe de la vulve parfaite" doit cesser. Et Callaly entend y contribuer.

Une campagne artistique et inclusive

"We need to talk about vulva", lance-t-elle sur son compte Twitter. "Il faut qu'on parle de vulve". Une phrase coup de poing qui trahit le tabou qui persiste encore aujourd'hui autour de la zone, et prouve l'importance de l'initiative qui répond au nom de #VulvaTalk. Son objectif : libérer la parole, et surtout, la donner aux concerné·e·s.

Dix ambassadeur·rice·s posent ainsi à côté d'un moule en plâtre représentant leur propre vulve, réalisé puis recouverte de teintes vives ou pastel par l'artiste Lydia Reeves, et se confient sur leur rapport à cette partie du corps. Transition de genre, stigmatisation culturelle, expériences sexuelles, handicap ou encore désir de labiaplastie (une chirurgie réductrice des lèvres) : autant de sujets abordés par le biais de publications et de textes puissants, mais aussi d'un long dossier pédagogique et bienveillant, véritable une ode à la diversité des organes externes.

"En créant des moules de vulves pour accompagner les histoires de nos contributeur·rice·s, nous avons voulu montrer que chaque expérience est différente et que toutes les vulves ne sont pas identiques. De nombreuses personnes entretiennent des relations complexes avec leur vulve et l'acte de mouler sa propre vulve - même pour celles qui ont confiance en la leur - peut être troublant", décrit Callaly. Un sentiment que ce genre de campagnes nécessaires permettra progressivement de faire disparaître. Vivement.